Le pasteur américain qui menace de brûler le Coran à donné vendredi un délai de deux heures à l'imam qui veut construire une mosquée près de Ground Zero à New York pour que celui-ci lui dise s'il est d'accord pour changer de site, tandis que colère et indignation montent dans le monde musulman.

Sur fond de multiplication des mises en garde dans le le monde entier, l'incertitude planait sur les réelles intentions du pasteur chrétien intégriste.

«Nous voulons savoir, et nous demandons aux médias de le contacter aussi et d'essayer de savoir, s'il est d'accord pour déplacer le site de la mosquée à un autre endroit que Ground Zero», a déclaré au cours d'une conférence de presse un ami évangéliste du pasteur, K.A Paul.

Des musulmans ont profité de la fin du ramadan pour exprimer vendredi leur colère et leur indignation face au projet du pasteur.

À Fayzabad, la capitale de la province afghane du Badakhshan, des milliers de manifestants ont défilé en jetant des pierres devant une base de l'Alliance atlantique. À Multan (centre du Pakistan), environ 600 personnes, dont des religieux, ont également manifesté et brûlé des drapeaux américains.

Colère aussi de nombreux dirigeants de pays musulmans dans le monde.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est insurgé contre ce «complot sioniste». Ce type d'action «va accélérer la chute et l'anéantissement des sionistes et leurs protecteurs», a-t-il affirmé.

L'imam de La Mecque, Saleh Ben Humaid, a qualifié le projet du pasteur d'«incitation au terrorisme». Et le plus haut dignitaire chiite irakien, l'ayatollah Ali Sistani, a mis en garde contre les «conséquences terribles» qu'aurait sa mise en oeuvre.

De son côté, le président américain Barack Obama a affirmé vouloir faire en sorte que le projet du pasteur ne fasse pas d'émules.

«Bien qu'il soit le fait d'un individu isolé en Floride, je veux faire en sorte que nous n'assistions pas à l'émergence de toute une série de personnes à travers le pays qui pensent que (brûler le Coran) leur permettra d'attirer l'attention sur eux», a-t-il dit au cours d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, à la veille du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001.

Jeudi, le pasteur Terry Jones avait annoncé qu'il renonçait à son projet, avant de menacer à nouveau de le mettre à exécution en raison du non-respect, selon lui, d'une promesse de déplacer la construction d'une mosquée près de Ground Zero.

Interrogé vendredi sur la chaîne ABC, il avait cette fois répondu: «actuellement nous avons l'intention de ne pas le faire».

À la mi-journée, il a ensuite donné deux heures à l'imam qui veut construire la mosquée près de Ground Zero pour que celui-ci lui dise s'il est d'accord pour changer de site.

Chef du «Dove World Outreach Center» («Centre colombe pour aider le monde») de Gainesville, en Floride, le pasteur avait affirmé vouloir brûler 200 exemplaires du Coran samedi vers 18h pour glorifier le souvenir des victimes des attentats du 11 septembre 2001.

«Nous avons su qu'aux États-Unis, un pasteur a décidé d'insulter le Coran (...) nous leur disons qu'ils ne devraient même pas y penser», a déclaré le président afghan Hamid Karzaï au cours du rassemblement du gouvernement organisé pour l'Aïd-El Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan.

La veille, des milliers d'Afghans avaient déjà scandé des slogans antiaméricains et antichrétiens dans la petite ville de Mahmud Raqi, au nord de Kaboul, près d'une base aérienne américaine.

Le président de l'Indonésie, pays le plus peuplé du monde musulman, Susilo Bambang Yudhoyono, s'est à nouveau exprimé sur ce projet qui «menace la paix et la sécurité internationale». En Malaisie, autre pays musulman, le premier ministre Najib Razak a averti que si le projet de Terry Jones était mis à exécution, cela «enflammerait les sentiments des musulmans à travers le monde»;

En Israël, le premier ministre Benjamin Netanyahu a souligné que brûler les textes religieux minait «la tolérance religieuse et la paix».

Le premier ministre du mouvement islamiste Hamas, Ismaïl Haniyeh, a qualifié pour sa part le pasteur américain de «fou furieux». Et pour le Vatican, brûler le Coran est «une initiative irresponsable».

Interpol a émis une alerte mondiale par crainte de violences si le Coran devait être brûlé.