En conférence de presse à la veille du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, Barack Obama n'a pas prononcé le nom de Terry Jones. Il s'est contenté de dénoncer le projet de cet «individu» qui veut brûler le Coran en Floride et a plaidé pour la tolérance à l'égard des musulmans.

«Bien que ce projet soit le fait d'un individu isolé en Floride, je veux faire en sorte que nous n'assistions pas à l'émergence de toute une série de personnes au pays qui pensent que brûler le Coran leur permettra d'attirer l'attention sur eux», a déclaré le président démocrate, hier matin, devant les correspondants de la Maison-Blanche.

«Je ne pense pas vraiment que nous soyons responsables de l'ampleur qu'a prise cette histoire, a-t-il ajouté. Mais, à l'heure de l'internet, cela peut nous causer énormément de tort dans le monde.»

En Floride, le pasteur Jones a semblé renoncer pour de bon hier à l'autodafé, mais pas avant que des milliers d'Afghans et des centaines de Pakistanais eurent manifesté contre son projet. Des dirigeants musulmans ont également dénoncé l'initiative du chrétien intégriste, que l'imam de La Mecque a qualifiée d'«incitation au terrorisme». De son côté, le plus haut dignitaire chiite irakien, l'ayatollah Ali Sistani, s'est alarmé des «conséquences terribles» qu'aurait sa mise en oeuvre.

En Afghanistan, au moins un des manifestants est mort devant une base de l'OTAN.

Dans l'East Room de la Maison-Blanche, questionné sur la vague de rhétorique antimusulmane et les manifestations d'hostilité aux mosquées qui auront marqué l'été 2010 aux États-Unis, le président Obama a appelé le public américain à la tolérance.

Tout en reconnaissant que l'économie américaine traverse une période difficile susceptible d'alimenter la peur et la suspicion, il a invité ses compatriotes à s'inspirer de la pensée de son prédécesseur, à qui il a rendu un rare hommage: «Une des choses que j'ai le plus admirées de la part du président Bush, c'est qu'il a été très clair, après le 11 septembre, sur le fait que nous n'étions pas en guerre contre l'islam. Nous étions en guerre contre des terroristes et des meurtriers qui avaient perverti l'islam.»

«Il est d'une importance cruciale que les Américains, dans une écrasante majorité, demeurent fidèles à ce qu'il y a de meilleur en nous: la foi en la tolérance religieuse, une idée claire de l'identité de nos ennemis. Nos ennemis sont Al-Qaïda et ses alliés, qui essaient de nous tuer, mais qui ont tué plus de musulmans que qui que ce soit d'autre sur Terre.»

Dans sa déclaration préliminaire, le président Obama a mis l'accent sur l'économie. Il a fait valoir que la frustration des Américains face à la lenteur de la reprise économique et à l'anémie du marché de l'emploi ne doit pas les conduire à voter en novembre pour le parti qui a contribué selon lui à créer la plus grave crise financière et la plus grande récession depuis les années 30.

À la suite d'une question sur la reprise du dialogue israélo-palestinien, le président a par ailleurs exhorté le gouvernement de l'État hébreu à prolonger le moratoire sur les nouvelles constructions dans les colonies juives de Cisjordanie.

Hétu, RichardLe pasteur Jones aurait renoncé «à 100%» à son projet

Un proche du pasteur Terry Jones a assuré hier que le projet du chrétien intégriste de brûler des exemplaires du Coran aujourd'hui pour commémorer les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ne sera pas exécuté. «Pour être clair, je voudrais confirmer à 100% qu'il n'y aurait pas de corans brûlés demain à 18h comme prévu», a déclaré K. A. Paul, un ami du pasteur, lors d'une conférence de presse. Plus tôt dans la journée, Paul avait lancé un ultimatum de deux heures à l'imam qui veut construire une mosquée près de Ground Zero à New York pour qu'il lui dise s'il est d'accord pour changer de site. L'imam Feisal Abdul Rauf n'a pas répondu à l'ultimatum. Paul a affirmé que le révérend Jones espérait néanmoins rencontrer l'imam Rauf aujourd'hui à New York.