Une Palestinienne a confié mercredi à l'AFP son «humiliation» après s'être reconnue sur une vidéo montrant un soldat israélien dansant autour d'une détenue voilée, les yeux bandés et les mains liées.

«J'ai vu la vidéo sur Al-Jazira. Je n'en ai pas dormi de la nuit tellement je me sentais humiliée et frustrée», a raconté Ihsan Dababseh, 35 ans, au lendemain de la retransmission par les télévisions internationales de ces images du réseau YouTube diffusées lundi soir par une chaîne israélienne.

«Le son du rire des soldats et la musique résonnaient dans mes oreilles», a précisé la jeune femme, habitante du village de Nouba, près de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée.

Elle a indiqué avoir pris contact avec le Club des prisonniers, une ONG palestinienne, et envisage d'engager des poursuites contre l'armée israélienne.

«Lorsqu'ils m'ont arrêtée, ils m'ont emmenée au centre de détention d'Etzion près de Bethléem et m'ont mise dans un couloir, les mains liées et les yeux bandés», a-t-elle ajouté, situant la date de l'événement en décembre 2007.

«J'entendais les rires des soldats, leurs voix et la musique. Je voyais ce qu'il se passait parce que le bandeau n'était pas très serré et je les ai suppliés de ne pas me filmer», a ajouté l'ex-détenue, indiquant avoir été arrêtée pour appartenance présumée au mouvement radical Jihad islamique et condamnée à 22 mois de prison.

Sur cette vidéo, un soldat israélien goguenard portant des lunettes de soleil exécute une parodie de danse orientale autour d'une jeune femme voilée immobile contre un mur, les mains liées et les yeux bandés, sur fond de musique et de propos amusés de ses camarades, hors champ.

La diffusion du clip est intervenue sept semaines après le tollé provoqué par la découverte sur la page Facebook d'une ex-soldate israélienne de photos de son service militaire sur lesquelles elle posait souriante au côté de prisonniers palestiniens aux yeux bandés et mains liées, assorties de commentaires grivois.

La police militaire israélienne a ouvert une enquête à la demande du procureur militaire, a annoncé l'armée israélienne dans un communiqué, ajoutant que telle serait dorénavant la procédure à chaque signalement de comportement de ce type.

«Ces vidéos sont des cas isolés qui ne représentent pas l'armée israélienne dans son ensemble», a-t-elle assuré, une ligne de défense battue en brèche par la multiplication d'incidents de ce genre au cours des derniers mois.

Les responsables palestiniens et des organisations israéliennes des droits de l'Homme affirment au contraire que ces comportements sont révélateurs de l'état d'esprit régnant au sein de l'armée vis-à-vis des Palestiniens.

«Ceci est une illustration répugnante de la mentalité maladive de l'occupant. Ce n'est pas un incident isolé», a affirmé l'Autorité palestinienne, soulignant que les nouveaux médias permettent de «dévoiler au grand jour la culture d'humiliation des Palestiniens».

Jugeant «le film profondément insultant pour la dignité des femmes», il considère que ces atteintes «ne cesseront qu'avec la fin de l'occupation» israélienne.

Un porte-parole du mouvement islamiste Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri, a assuré que «le comportement du soldat israélien reflétait le racisme et l'absence d'éthique des soldats d'occupation», en tirant un nouvel argument pour presser l'Autorité palestinienne de cesser la coopération avec Israël en matière de sécurité.