Le roi Abdallah d'Arabie Saoudite s'est rendu hier aux États-Unis pour soigner une hernie discale. Le prince héritier, Sultan ben Abdel Aziz, a pris la relève. Mais celui-ci irait sur ses 85 ans et aurait récemment été soigné pour un cancer. Instabilité en vue? Les experts misent plutôt sur éventuelle transition en douceur.

La maladie du roi Abdallah, 86 ans, et la santé fragile du prince héritier, également octogénaire, mettent en avant la question de la succession en Arabie Saoudite. Les experts ne craignent toutefois pas une vacance de pouvoir.

Le roi Abdallah a attendu le retour dans le royaume de son demi-frère, le prince héritier Sultan ben Abdel Aziz, qui irait sur ses 85 ans et dont la santé est chancelante, pour se rendre hier aux États-Unis afin de se faire soigner d'une hernie discale.

Le prince héritier et ministre de la Défense, qui était en «séjour privé» au Maroc depuis la fin du mois d'août, a pour sa part été soigné pour un cancer en 2008 et 2009 aux États-Unis, selon des sources diplomatiques, et a passé plus d'un an en convalescence à l'étranger.

Famille unifiée

Depuis la mort, en 1953, du fondateur du royaume saoudien, le roi Abdel Aziz, cinq de ses fils se sont succédé à la tête de cette puissance pétrolière. La transition s'est toujours passée en douceur, sauf en 1964, lorsque le roi Saoud a été forcé d'abdiquer au profit de son frère et prince héritier, Fayçal.

«L'Arabie Saoudite a rarement connu d'instabilité. La famille (royale) unifie toujours ses rangs pour décider très rapidement ce qui doit être fait» en cas de décès du souverain, affirme Christopher Boucek, de la fondation Carnegie.

«Il n'y aura pas de vacance de pouvoir», ajoute-t-il, soulignant que si le roi venait à mourir et que la santé du prince héritier ne lui permettait pas de lui succéder, le prince Nayef, 77 ans, ministre de l'Intérieur, est en troisième position.

«Le prince Nayef a été en quelque sorte promu futur prince héritier» avec sa nomination en mars 2009 par le roi au poste de deuxième vice-premier ministre, explique M. Boucek. Après Nayef pourrait venir dans l'ordre de succession son frère Salman, gouverneur de Riyad.

«Contrairement à toutes les craintes, les successions se sont toujours bien passées dans le royaume», estime également Olivier Da Lage, auteur de la Géopolitique de l'Arabie Saoudite.

Comité de 35 princes

Il souligne que le roi Abdallah a formé en décembre 2007 un comité de 35 princes de la dynastie des Al-Saoud, dit «comité d'allégeance», pour gérer les affaires de succession.

La désignation du prince héritier était auparavant laissée à la discrétion de la dynastie des Al-Saoud, qui dirige le pays depuis 78 ans.

Avant la formation de ce comité, «la succession était limitée aux fils du fondateur du royaume, alors qu'elle est désormais ouverte en théorie aux petits-fils du roi Abdel Aziz (Ibn Séoud)», explique-t-il.

Mais les analystes excluent pour le moment un saut de génération qui pourrait permettre aux petits-fils du fondateur du royaume d'accéder au trône.

«Le saut de génération n'interviendra pas dans un proche avenir», estime ainsi M. Boucek.

Quant à Abdel Aziz al-Sager, directeur du centre de recherches du Golfe établi à Dubaï, il estime que «la deuxième génération est déjà de facto aux commandes».

Il cite l'exemple du fils du roi Abdallah, le prince Motaab, nommé mercredi dernier ministre d'État et président de la Garde nationale - un corps paramilitaire que le souverain dirigeait jusqu'à présent -, du prince Khaled ben Sultan, adjoint de son père, le prince héritier et ministre de la Défense, et du prince Mohammad ben Nayef, vice-ministre de l'Intérieur.

«Selon nos traditions, aucun fils n'accepterait de prendre la place de son père si ce dernier est toujours vivant», explique l'analyste saoudien.