Le Chili a reconnu vendredi la Palestine comme État «libre et indépendant», imitant ainsi plusieurs autres pays d'Amérique latine dont l'Argentine et le Brésil, a annoncé le chef de la diplomatie Alfredo Moreno.

«Le gouvernement du Chili a résolu aujourd'hui d'accorder sa reconnaissance à l'existence d'un État de Palestine comme État libre, indépendant et souverain», a fait savoir le ministre des Affaires étrangères dans une déclaration lue à la presse.

Le texte ne fait pas mention d'un tracé des frontières de cet État palestinien.

Le chef de la diplomatie a simplement ajouté: «Nous faisons ceci (la reconnaissance) dans le cadre des résolutions des Nations unies, lesquelles nous paraissent offrir le cadre adéquat pour les négociations entre les pays, afin de résoudre les divers problèmes».

Il a en outre annoncé que le président chilien Sebastian Pinera effectuerait une visite en Israël et dans les territoires palestiniens les 4 et 5 mars prochains.

En décembre, le Brésil, l'Argentine, la Bolivie, puis l'Équateur ont reconnu la Palestine comme étant «un État libre et indépendant à l'intérieur des frontières de 1967», c'est-à-dire les lignes d'avant la guerre israélo-arabe des Six Jours et l'occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie. Le 31 décembre, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a en outre posé la première pierre de l'ambassade de Palestine à Brasilia.

L'Uruguay a annoncé qu'il reconnaîtrait à son tour l'État palestinien en 2011.

Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et le Costa Rica le reconnaissaient déjà, comme une centaine de pays dans le monde.

Au total, quelque 150 pays ont des relations diplomatiques avec la Palestine sous une forme ou une autre.

La récente vague de reconnaissances latino-américaines a alarmé Israël et suscité la désapprobation de Washington, pour qui «toute action unilatérale est contre-productive», selon le département d'État.

Mais le mouvement diplomatique s'inscrit dans la stratégie de dirigeants palestiniens décidés à proclamer leur État dans l'année.

Face à l'échec en septembre d'une relance des négociations de paix et à la réticence des États-Unis, parrains des négociations, à reconnaître leur État, les représentants palestiniens sollicitent une reconnaissance la plus large possible sur les lignes de 1967.

Une fois qu'ils auront atteint une masse critique de pays, ils comptent porter cette revendication devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Les Palestiniens jugent qu'une «reconnaissance collective» par la communauté internationale poserait le principe d'une négociation pour toute modification territoriale et permettrait à la Palestine d'évoluer sur la scène internationale comme un État à part entière.

Le Chili du président Sebastian Pinera, un des rares gouvernements de droite de la région, était légèrement plus mesuré sur la reconnaissance d'un État palestinien que nombre de ses voisins latino-américains. Santiago est a la fois un proche allié de Washington, peu enclin à désavouer la diplomatie américaine sur la question, mais en même temps sensible à une forte communauté arabe de 300 000 personnes issue de l'immigration historique.

Il compte aussi une influente communauté juive d'environ 30 000 personnes, dont est issu le ministre de l'Intérieur et numéro deux du gouvernement, Rodrigo Hinzpeter.