Hillary Clinton a effectué mardi la première visite au Yémen d'un chef de la diplomatie américaine en 20 ans, dans le but déclaré d'aider ce pays à faire face à Al-Qaïda par des réformes politiques et sociales.

D'importantes mesures de sécurité ont été prises par les autorités pour cette visite de quelques heures qui n'a pas été annoncée à l'avance. Mme Clinton est arrivée à Sanaa en provenance des Émirats arabes unis où elle a entamé dimanche une tournée qui doit encore la mener à Oman et au Qatar.

C'est James Baker qui avait effectué en 1990 le dernier déplacement d'un secrétaire d'État américain au Yémen.

Dans des déclarations après son entretien avec le président Ali Abdallah Saleh comme devant des représentants de la société civile, Mme Clinton a délivré le même message: l'engagement des États-Unis à promouvoir les réformes politiques et sociales au Yémen afin de mieux l'aider à affronter Al-Qaïda.

«Nous faisons face à une même menace, celle des terroristes d'Al-Qaïda», a déclaré Mme Clinton sur le perron du palais présidentiel.

Mais elle a souligné que le partenariat entre les deux pays ne se limitait pas aux «menaces à court terme» et que les États-Unis soutenaient «un processus politique englobant» les diverses parties et qui aiderait à instaurer «un Yémen prospère, unifié, stable et démocratique».

Mme Clinton avait auparavant indiqué que les États-Unis avaient désormais «une approche plus équilibrée» en ce qui concerne l'aide au Yémen.

Les États-Unis ont récemment accru leur aide au développement au Yémen.

Selon un responsable de l'entourage de Mme Clinton, ils ont fourni en 2010 une aide au développement de 130 millions de dollars et une autre militaire de 170 millions de dollars.

Outre la menace d'Al-Qaïda, le président Ali Abdallah Saleh est confronté à une rébellion dans le nord, à un mouvement sécessionniste dans le sud et à une crise économique aggravée par le tarissement des ressources du pays en pétrole. Des analystes redoutent de voir le pays se transformer en une nouvelle Somalie.

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) est de plus en plus actif au Yémen où les attaques meurtrières se sont multipliées ces derniers mois contre les forces de sécurité.

L'Aqpa avait revendiqué l'attentat manqué perpétré par un Nigérian contre un avion de ligne américain le jour de Noël 2009. C'est aussi du Yémen que l'Aqpa a envoyé fin octobre des colis piégés destinés aux États-Unis et découverts avant qu'ils n'explosent.

Mme Clinton a effectué une tournée dans un souk historique de la vieille ville, dans un convoi de voitures blindées, avant de prononcer un discours devant quelque 200 députés, étudiants et hommes d'affaires, représentant la société civile.

Elle devait rencontrer avant son départ pour Mascate des responsables de l'opposition dans une tentative de désamorcer la tension avec le parti au pouvoir déterminé à organiser des législatives en avril et qui veut imposer des amendements constitutionnels ouvrant la voie à une présidence à vie pour M. Saleh.

Les députés du parti au pouvoir avaient approuvé le 1er janvier le principe de ces amendements contestés, en dépit de l'appel des Etats-Unis à privilégier le dialogue avec l'opposition.

Mme Clinton doit également tenter de contenir les répercussions des révélations du site WikiLeaks, selon lesquelles M. Saleh a menti aux Yéménites en affirmant que des frappes militaires américaines contre des positions de l'Aqpa au Yémen avaient été menées par l'armée yéménite.