Les talibans ne sont plus opposés à l'éducation, et notamment à l'éducation des filles, a assuré le ministre afghan de l'éducation Farooq Wardak, dans un entretien publié vendredi dans le supplément Éducation du quotidien britannique The Times.

«Ce que j'entends au plus haut niveau chez les talibans, c'est qu'ils ne sont plus opposés à l'éducation, et notamment à celle des filles», a indiqué le ministre, qui était en visite en Grande-Bretagne la semaine dernière.

Ce revirement des talibans constituerait un pas considérable, alors qu'ils avaient interdit l'éducation des filles pendant leur administration de l'Afghanistan de 1996 à 2001.

Le ministre a estimé que les barrières culturelles commençaient à tomber dans le pays. Selon lui, l'opposition à l'éducation était largement partagée dans toutes les couches de la société afghane, pas seulement chez les talibans, ce qui expliquait «que dans bien des provinces nous n'avions pas d'enseignants, ni homme, ni femme».

On ne comptait sous le gouvernement taliban aucune fille sur près d'un million d'élèves, seulement 20 000 enseignants, tous hommes et quelque 3400 écoles. Selon le ministre, le pays compte aujourd'hui 7 millions d'élèves dont 38% de filles, 180 000 enseignants dont 30% de femmes, et 12 600 écoles.

Le ministre a lancé un appel au Royaume Uni pour qu'il affecte davantage d'aide à l'éducation en Afghanistan, «y compris en réaffectant de manière prioritaire des ressources», c'est-à-dire en redirigeant vers l'éducation des dépenses militaires.

Selon un porte-parole du département britannique de l'aide internationale, Londres finance les salaires de 169 000 enseignants en Afghanistan.

Le président afghan Hamid Karzai a confirmé en octobre que des discussions informelles avaient débuté avec les hauts responsables talibans en vue de mettre fin au conflit sanglant qui ravage le pays depuis plus de neuf ans.