Les faucons du gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou sortent renforcés après la décision du ministre la Défense Ehud Barak de quitter le Parti travailliste, amenuisant encore les chances d'une reprise d'un processus de paix bloqué, estiment des analystes.

L'annonce surprise de M. Barak d'abandonner les travaillistes pour créer un nouveau parti avec quatre autres députés lui a permis de conserver son poste au sein du gouvernement.

Il a ainsi pris de vitesse les instances dirigeantes du Parti travailliste, qui menaçaient de quitter le gouvernement dans les prochaines semaines faute du moindre progrès dans les négociations avec les Palestiniens.

L'initiative de M. Barak a provoqué la démission des trois ministres travaillistes les plus marqués à gauche qui poussaient à des pourparlers et tentaient de faire contrepoids aux nationalistes dirigés par le ministre des Affaires Étrangères Avigdor Lieberman et des religieux orthodoxes du Shass tout aussi intransigeants sur le dossier palestinien.

«La coalition est désormais bien orientée à droite», résume le quotidien Yédiot Aharonot, en soulignant que M. Nétanyahou envisage désormais de faire entrer un autre parti d'extrême droite, l'Union nationale, au gouvernement.

Le journal estime que l'étoile la plus brillante de la nouvelle constellation politique est le populiste Avigdor Lieberman et son parti Israël Beiteinou, troisième formation à la Knesset (15 député sur 120), plus que jamais en position de force dans une coalition resserrée.

Pour l'éditorialiste Nahum Barnea, Ehud Barak, qui en tant que ministre de la Défense a la haute main sur les autorisations de constructions dans les colonies de Cisjordanie, sera encore plus porté à céder aux pressions du lobby des colons. «Les colons vont le manger tout cru», prédit M. Barnea.

«Ehud Barak et le Parti travailliste représentaient l'aile modérée du gouvernement. En outre, Barak avait d'excellentes relations avec les Américains qui croyaient apparemment en ses capacités à influer sur le gouvernement dans le sens qu'ils souhaitaient», explique à l'AFP le chercheur Jonathan Spyer.

Ehud Barak et son nouveau Parti de l'Indépendance ne rassemblent que 5 députés quand les travaillistes qu'il dirigeait comptaient 13 élus.

«Barak reste dans la coalition mais son poids relatif a été réduit, ce qui signifie que l'aile droite du gouvernement s'est renforcée», souligne M. Spyer.

M. Nétanyahou n'a d'ailleurs pas mâché ses mots vis-à-vis des Palestiniens. Il leur a signifié, ainsi qu'à la communauté internationale, qu'après la manoeuvre de M. Barak «le gouvernement a été grandement renforcé aujourd'hui, à la fois dans sa gouvernance et sa stabilité».

«Le monde entier sait, et les Palestiniens savent également, que ce gouvernement sera là dans les années à venir et que c'est avec lui que les négociations doivent être menées», a-t-il averti.

Les négociations de paix directes entre Israéliens et Palestiniens, brièvement relancées le 2 septembre à Washington, sont bloquées depuis l'expiration le 28 septembre d'un moratoire sur la colonisation juive en Cisjordanie.

Les Palestiniens exigent pour les reprendre un nouveau moratoire, auquel le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou s'est refusé, ainsi que des références politiques claires, en particulier l'objectif de mettre fin à l'occupation des Territoires palestiniens occupés depuis 1967.

En décembre, les États-Unis ont annoncé avoir abandonné les efforts pour amener Israël à proroger un moratoire sur la colonisation pour relancer les pourparlers avec les Palestiniens.