«Lorsque nous aurons mis fin aux divisions, nous pourrons faire face à l'occupation israélienne ensemble et avoir une voix plus forte devant la communauté internationale», a dit Halla Shoaïbi. Comme des dizaines de milliers de Palestiniens, l'avocate de 25 ans est descendue dans la rue, hier, pour demander la fin des divisions interpalestiniennes.

Si les Tunisiens ont eu leur révolution du jasmin et les Égyptiens, celle du 25 janvier, les jeunes Palestiniens espèrent que le Mouvement du 15 mars, lancé grâce aux réseaux sociaux, sera catalyseur de changements.

Hier, environ 3000 personnes se sont réunies sur la place centrale de Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne. La foule était principalement composée de jeunes adultes, hommes et femmes, drapeaux palestiniens ou pancartes manuscrites à la main. Les manifestants ont scandé «le peuple veut la fin des divisions» et «non à l'occupation».

Les organisateurs des manifestations, qui avaient lieu simultanément dans plusieurs grandes villes palestiniennes, ont refusé d'être associés à un parti politique. Ils ont dit souhaiter avant tout mettre fin aux divisions entre le Fatah, l'Autorité palestinienne qui gouverne la Cisjordanie, et le Hamas, parti islamiste radical qui a pris la bande de Gaza en 2007.

La scission entre les deux territoires est vue comme un obstacle à l'établissement d'un État palestinien. Plus de 2 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie et 1,6 million dans la bande de Gaza.

Nouvelles élections

Le Mouvement du 15 mars demande notamment de nouvelles élections auxquelles tous les Palestiniens - où qu'ils vivent - pourraient voter. L'Autorité palestinienne n'a pas organisé de scrutin depuis 2006 et a prolongé les mandats échus.

S'ils partagent des espoirs de paix, les manifestants rencontrés sur place ne s'entendent pas sur la position à adopter. Certains veulent la création de deux États distincts, d'autres s'y opposent vigoureusement.

Les organisateurs ont insisté sur le côté pacifique de leur démarche. «Les jeunes en ont assez des vieilles idées de nos dirigeants, a expliqué Fadi Quram, l'un des coordonnateurs du Mouvement du 15 mars. Nous voulons un renouveau qui impliquera plus de résistance pacifique.»

Un groupe de sept personnes a entamé une grève de la faim dimanche dernier à Ramallah pour faire pression sur les dirigeants. «Nous voulons faire comprendre aux politiciens que leurs divisions sont un problème important pour les Palestiniens et que ça doit arrêter maintenant», a expliqué Maath Musleh. Le jeune consultant en médias sociaux ne savait pas encore s'il allait continuer sa grève de la faim après la manifestation ou lancer un autre moyen de pression.

À Gaza, où environ 10 000 personnes ont manifesté, selon l'Associated Press, le premier ministre Ismaïl Haniyeh a appelé les dirigeants du Fatah à entamer le processus de réconciliation.

Le porte-parole du Fatah, Ahmed Assaf, a balayé la proposition du Mouvement de la résistance islamique. «Cet appel à l'unité du Hamas n'est pas sérieux, c'est plutôt un moyen de contourner le mouvement du peuple. Le Hamas a refusé plusieurs initiatives pour l'unité. S'il était sérieux, il accepterait ces initiatives au lieu de demander de nouvelles discussions.»