Un militant pacifiste italien enlevé par un groupe salafiste à Gaza a été exécuté par ses ravisseurs, a annoncé vendredi le Hamas, qui a promis de «traquer» les auteurs de ce «crime atroce», inédit dans le territoire palestinien autonome.

Le corps de Vittorio Arrigoni a été retrouvé quelques heures après l'annonce de son enlèvement, le premier d'un étranger à Gaza depuis la prise de contrôle du territoire par le mouvement islamise en juin 2007.

Il a été découvert dans un quartier du nord-ouest de la ville de Gaza, selon les services de sécurité du Hamas, qui en ont interdit l'accès aux médias.

L'otage italien, journaliste, écrivain et militant du mouvement pacifiste pro-palestinien International solidarity mouvement (ISM), a été étranglé et deux de ses ravisseurs présumés ont été arrêtés, selon un porte-parole des services de sécurité.

«Le gouvernement condamne ce crime atroce qui ne reflète pas nos valeurs, notre religion, nos coutumes et traditions, et affirme qu'il va traquer le reste des membres du groupe et leur appliquera la loi», a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas, Ihab al-Ghoussein.

Aucun otage étranger n'avait jusqu'à présent été tué dans le territoire depuis son accession à l'autonomie en 1994.

Les forces de sécurité ont rapidement identifié un «membre du groupe qui a livré les autres membres et montré l'endroit où se trouvait le militant», a ajouté le porte-parole lors d'une conférence de presse télévisée, assurant que leur intervention s'était produite après l'exécution de l'Italien.

Elles «ont trouvé le corps de l'otage tué depuis plusieurs heures d'une façon atroce selon le rapport du médecin légiste», a-t-il poursuivi. «Les premières constatations indiquent l'intention des ravisseurs de tuer, étant donné qu'il a été assassiné peu de temps après l'enlèvement», a-t-il insisté.

Le Hamas a estimé que le dénouement de ce rapt ne remettait pas en cause le maintien de l'ordre à Gaza.

«Ce crime ne reflète pas la situation véritable et le climat de sécurité et d'ordre dans la bande de Gaza, et ne signifie pas un retour en arrière, et le gouvernement restera vigilant pour assurer la stabilité et la sécurité, d'autant plus que cet incident est le premier du genre depuis des années», a souligné Ihab al-Ghoussein.

Des militants salafistes avaient annoncé jeudi soir avoir enlevé Vittorio Arrigoni, menaçant de le tuer à l'expiration d'un ultimatum pour la libération de leurs camarades détenus par le Hamas, citant le chef du groupe salafiste Tawhid wa al-Jihad, arrêté en mars.

«Nous avons enlevé l'Italien Vittorio et nous demandons au gouvernement de (Ismaïl) Haniyeh de relâcher tous nos prisonniers, à commencer par cheikh Hicham al-Soueïdani. Si vous ne répondez pas (...) dans les 30 heures à compter de 11h (4h, heure de Montréal) le 14 avril, nous exécuterons le prisonnier», affirmaient-ils dans une vidéo diffusée sur YouTube.

Sur la vidéo, où l'on voyait un otage masqué au visage contusionné, les ravisseurs se réclamaient d'un groupe jusqu'alors inconnu.

Le ministère italien des Affaires étrangères avait confirmé le rapt, indiquant avoir entrepris «les démarches opportunes pour une intervention visant à protéger l'otage».

Les groupes palestiniens de Gaza se définissant comme «salafistes» comptent plusieurs centaines de membres, selon leurs dirigeants. Un temps compagnons de route du Hamas, ils s'en sont progressivement éloignés, l'accusant de faiblesse face à Israël et dans l'imposition de la loi islamique.

La tension avec le Hamas avait atteint son paroxysme en août 2009, quand l'un d'eux, le Jound Ansar Allah, avait proclamé un «émirat» islamique dans une mosquée de Rafah (sud). La répression des forces du Hamas avait fait 24 morts.