Après quatre ans de divisions, le Fatah, à la tête de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, sont parvenus à un accord de réconciliation hier. La nouvelle a été accueillie avec beaucoup de prudence.

Question:  Quelle est la signification de cet accord de réconciliation?

Réponse: Le Fatah et le Hamas sont à couteaux tirés depuis 2007, lorsque les forces du parti islamiste radical se sont emparées du pouvoir dans la bande de Gaza. La scission entre la Cisjordanie et la bande de Gaza est vue comme un obstacle à l'établissement d'un État palestinien. Mais leur réunification ne signifierait pas pour autant la fin des hostilités, croit un expert du Moyen-Orient. «Ce serait difficile. L'unification de leurs forces de sécurité poserait un réel problème, explique Hillel Frisch, du Centre de recherches BESA. Pour l'instant, personne ne connaît le contenu de leur entente. Mais on a déjà entendu parler d'accords avant et ils n'ont pas fonctionné.» Les deux mouvements ont convenu de former un gouvernement de transition jusqu'à la tenue d'élections, d'ici un an.

Q. Quelles réactions a suscitées l'annonce?

R. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réaffirmé hier que «l'Autorité palestinienne doit choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas». Il a dit qu'il «ne peut pas y avoir de paix avec les deux parce que le Hamas s'efforce de détruire l'État d'Israël et le dit ouvertement». Contrairement au Fatah, le Hamas a toujours refusé les pourparlers de paix avec Israël, ne reconnaissant pas son existence. Le groupe figure sur la liste des organisations terroristes de plusieurs pays, dont le Canada et les États-Unis. L'Autorité palestinienne pourrait s'aliéner des appuis importants.

Q. Pourquoi un tel accord maintenant?

R. Les révoltes dans le monde arabe ont secoué les dirigeants palestiniens. De grandes manifestations en mars dernier ont appelé à la réconciliation de leurs deux mouvements. «Des deux côtés, les gouvernements ont peur, explique Hillel Frisch. Abbas craint l'opinion de la rue et la présence de groupes terroristes. Le Hamas a peur de perdre des élections parce qu'il est très impopulaire à Gaza.» La détérioration de la situation en Syrie pourrait aussi avoir joué dans la balance. La direction officielle du Hamas y est installée.