Les mouvements palestiniens rivaux ont officiellement enterré la hache de guerre hier. Les Palestiniens ont salué la fin des tensions entre le Fatah, au pouvoir en Cisjordanie, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Mais la fin des guerres fratricides sonne aussi le début de nouvelles tensions avec Israël, explique notre correspondante.

Près de deux mois après le début des manifestations pour une réconciliation entre le Fatah et le Hamas, des drapeaux pro-unité flottaient toujours hier sur la place principale de Ramallah, en Cisjordanie.

Les tentes où ont campé des manifestants étaient encore debout. Et quelques militants, fidèles au poste, ont convergé vers le centre pour célébrer la fin officielle des divisions entre les mouvements palestiniens rivaux.

«Je suis très content. J'ai l'impression qu'on a réussi à mettre de la pression sur les gouvernements en Cisjordanie et dans la bande de Gaza», s'est réjoui Mosab Sarhan. L'étudiant de 20 ans affirme avoir fait deux grèves de la faim en faveur de l'unité. Quelque 700 personnes ont aussi manifesté leur approbation à l'accord à Gaza hier, selon l'AFP.

La réconciliation a été célébrée hier au Caire entre les représentants des différents groupes. Elle sonne la fin de quatre ans de divisions, marquée par des épisodes de violence et de répression. Cette unité entre le Fatah, à la tête de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, est vue comme un pas nécessaire à l'établissement d'un État palestinien.

Israël dénonce l'alliance

Les deux mouvements ont convenu de former un gouvernement de technocrates, sans affiliation politique, jusqu'aux prochaines élections, prévues dans un an.

Cette alliance entre un parti soutenu par les Occidentaux - le Fatah - et un groupe soutenu par l'Iran et figurant sur la liste des organisations terroristes de plusieurs pays - le Hamas - n'a pas fait l'unanimité.

«Comment peut-on faire la paix avec un gouvernement dont la moitié des membres appellent à la destruction d'Israël et ont fait l'éloge du terroriste ben Laden?» a demandé le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. Si le chef du Hamas s'est engagé hier à lutter pour la création d'un État palestinien dans les frontières de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, il n'a pas pour autant reconnu l'État hébreu.

Problèmes en vue

Israël a annoncé dimanche le gel d'un transfert de près de 100 millions US à l'Autorité palestinienne, prélevé pour le gouvernement palestinien et redistribué chaque mois. Ces fonds représentent 70% des revenus du gouvernement palestinien en Cisjordanie. Le premier ministre Salam Fayyad a affirmé qu'il ne pourrait pas payer les 130 000 employés de la fonction publique si cet argent n'était pas versé.

«Ça pourrait causer des problèmes pour beaucoup de Palestiniens, dans le domaine public et privé, dit Basem Zubeidi, professeur de sciences politiques à l'Univeristé Birzeit, près de Ramallah. Pour que l'économie fonctionne, il faut qu'il y ait un sens de stabilité, sinon les entreprises privées quittent le pays.»