Au moins quatre personnes ont été tuées et 24 autres blessées, dont cinq militaires italiens, lundi à Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan, dans deux attentats suicide revendiqués par les talibans, dont un contre le siège d'une équipe civilo-militaire de l'OTAN gérée par l'Italie.

Aucun tir n'était plus entendu vers 14h30 (6h, heure de Montréal) dans la zone du siège de l'Équipe provinciale de Reconstruction (EPR) d'Hérat, mais une épaisse fumée noire s'échappait du complexe abritant ses bâtiments, dont le portail d'entrée a été touché par une «énorme explosion», selon un correspondant de l'AFP.

«Il y a eu un attentat suicide à la porte de l'EPR d'Hérat et un second dans le centre-ville», a déclaré à l'AFP Farooq Kohistani, chef de la Brigade criminelle d'Hérat.

La cible du second attentat était inconnue dans l'immédiat.

«Quatre personnes ont été tuées et 24 blessées», a déclaré le directeur provincial de la Santé, Ghulam Sayed Rashid. «Trois des blessés sont dans un état critique», a-t-il ajouté.

Le quartier semi-résidentiel où est situé le complexe, ceint de hauts murs de béton et très protégé, est bouclé par la police. Les forces afghanes et de l'OTAN sont déployées et des hélicoptères de la Force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF) quadrillent le ciel, selon le journaliste de l'AFP.

Un cratère est visible devant le portail d'entrée de l'EPR et la rue alentour est jonchée de débris et de morceaux de métaux.

À l'intérieur du complexe, jonché de gravats, des bâtiments se sont effondrés. Le correspondant de l'AFP a vu un soldat italien être extirpé des décombres.

Selon le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa, cinq militaires italiens ont été blessés dans l'attentat contre l'EPR, survenu à 9h15 (00h45, heure de Montréal). «Un capitaine, blessé au ventre, est dans un état grave», a-t-il précisé.

Le chef de la police d'Hérat, Sayed Aqa Saqib, a indiqué n'être pas «totalement sûr» à l'heure actuelle de l'origine de la deuxième explosion qui a fait l'essentiel des victimes selon lui.

Les talibans ont revendiqué «l'opération en cours» à Hérat.

«Nos moudjahidine sont à l'oeuvre dans l'opération à Hérat. Il y a eu des explosions à l'intérieur du complexe de l'EPR ainsi qu'à l'extérieur», en ville, a déclaré un de leur porte-parole, Qari Yousuf Ahmadi, joint par l'AFP.

L'Afghanistan compte 28 EPR, réparties à travers le pays. Composées de civils et de militaires, elles sont chargées de mener des projets de développement et de reconstruction.

Celle d'Hérat, capitale de la province éponyme, est placée sous la responsabilité de l'Italie. Rome a déployé 3800 hommes en Afghanistan dans le cadre de l'ISAF qui en compte environ 130 000 hommes, aux deux tiers américains.

L'armée italienne assume le commandement militaire de la Région Ouest, à laquelle est rattachée Hérat.

La ville est l'une des sept zones dont les forces internationales doivent transmettre à l'été «la pleine responsabilité de la sécurité» aux forces afghanes, dans le cadre du processus dit «de transition» censé s'étaler jusqu'à fin 2014.

Hérat, deuxième ou troisième ville d'Afghanistan, selon les estimations, est située à une centaine de km de la frontière iranienne et a longtemps été épargnée par les violences. En octobre 2010, des kamikazes avaient attaqué la représentation locale de l'ONU, blessant trois gardes.

Les talibans, qui combattent le gouvernement de Kaboul et la coalition qui le soutient depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001, ont récemment visé des cibles sensibles et protégées à travers le pays.

Dernière en date, le siège du gouverneur de Takhar, province du nord du pays, où un attentat visant de hauts responsables afghans et de l'OTAN a fait six morts samedi, dont le chef de la police pour le Nord afghan et deux militaires allemands.