Des dizaines de milliers d'Israéliens ont fait savoir leur ras-le-bol sur l'internet cette semaine. La source de leur mécontentement? Le prix salé du fromage cottage. Retour sur une campagne de boycottage qui a fait tout un plat.

La controverse a commencé il y a quelques jours. Un Israélien a lancé un appel à ses compatriotes pour boycotter le fromage cottage, très populaire au pays. Itzik Elrov jugeait la hausse de prix annoncée par les fabricants un peu trop salée à son goût.

L'initiative a fait boule de neige et a récolté plus de 75 000 partisans sur Facebook. Le débat s'est rendu jusqu'à la Knesset, le Parlement israélien. Dans un geste théâtral, une députée de l'opposition a remis mercredi une barquette du fameux fromage blanc au premier ministre Benyamin Nétanyahou, précisant qu'il s'agissait maintenant d'un produit de luxe.

Alors que la région est en ébullition, la lutte pour un fromage plus abordable peut sembler futile. Mais pour un grand nombre d'Israéliens, il s'agit de la bouchée en trop. Le fromage est devenu le symbole d'une révolte contre l'augmentation du coût des aliments et les inégalités sociales.

Depuis quelques années, le cottage, comme bien d'autres aliments, a vu son prix grimper en flèche. Au début de la semaine, les producteurs ont annoncé que le pot de 250 grammes passerait à 8 shekels (environ 2,28$), une hausse de 35% depuis deux ans. En comparaison, un kilo de poitrines de poulet dans une chaîne de supermarchés coûte environ 30 shekels (8,55$).

Les producteurs de fromage défendent la hausse des prix par l'augmentation générale des coûts des matières premières et des aliments partout dans le monde. Des spécialistes réfutent ces arguments, et croient plutôt que le prix du fromage s'explique par le manque de compétitivité dans le secteur.

Favoriser la concurrence

Devant la gronde populaire, le ministre des Finances a annoncé qu'il songeait à autoriser l'importation des produits laitiers en Israël pour favoriser la concurrence.

Les boycotteurs n'entendent pas pour autant lâcher le morceau. L'administrateur de la page Facebook du boycottage devrait inviter les Israéliens à cesser d'acheter un aliment spécifique chaque mois.

Les organismes responsables de la distribution de nourriture aux démunis ont suivi le débat avec attention. Plus de 1,7 million d'Israéliens vivent sous le seuil de la pauvreté, selon les chiffres du gouvernement.

«Je crois que ce mouvement de la classe moyenne qui réagit pour la première fois au phénomène de la hausse des prix est positif», a dit Eran Weintraub, directeur général de l'organisme Latet, dans une entrevue téléphonique.

«Mais le problème touche encore davantage les franges les plus pauvres de la population, a-t-il précisé. Ils souffrent de l'augmentation des prix des produits de base, pas seulement du fromage cottage. Nous espérons que le gouvernement va s'occuper de ce problème.»