Israël fait face à des accusations de «sabotage» et de pressions sur la Grèce pour empêcher la flottille internationale pro-palestinienne d'appareiller pour Gaza, après avoir multiplié les mises en garde contre cette opération qu'il qualifie de «provocation».

Le gouvernement israélien a démenti, comme on pouvait s'y attendre, ces «accusations ridicules».

Les organisateurs de la «flottille de la liberté» sont convaincus que les services israéliens ont saboté cette semaine deux des dix bateaux, un navire irlandais et un autre affrété par des Scandinaves.

Ils attribuent également à Israël les tracasseries bureaucratiques qui s'accumulent contre la flottille et soupçonnent l'État hébreu d'exercer des pressions, notamment économiques, sur la Grèce.

La Grèce a interdit vendredi «aux bateaux battant pavillon grec ou étranger d'appareiller des ports grecs à destination de Gaza», selon communiqué du ministère de la Protection du citoyen.

Un bateau américain qui tentait de prendre la mer a été stoppé par les garde-côtes grecs.

«Ces accusations ridicules relèvent de la paranoïa (...) La vie n'est pas un film de James Bond. Ils (les organisateurs) feraient bien de revenir à la réalité», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor.

«Ils n'ont pas la moindre preuve étayant ce qu'ils avancent, mais l'absence de preuves ne les a jamais empêchés de pousser toutes les vociférations possibles à propos d'Israël», a estimé M. Palmor.

Israël n'a cessé de faire part de sa «détermination» à stopper l'arrivée de la flottille à Gaza tout en disant vouloir éviter une effusion de sang comme lors de la précédente expédition.

En mai 2010, une première tentative de s'approcher des côtes de la bande de Gaza avait coûté la vie à neuf Turcs après un assaut des commandos de marine israéliens contre le transbordeur turc Mavi Marmara.

«Israël a pleinement le droit de se défendre et d'empêcher que des missiles, des roquettes et toutes sortes d'armes soient livrées à l'enclave terroriste du Hamas (au pouvoir à Gaza)», a répété jeudi soir le premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Remerciant «les nombreux dirigeants internationaux» ayant oeuvré contre la flottille, il a nommément fait l'éloge de son homologue et «ami» grec Georges Papandréou.

Selon un haut responsable israélien anonyme cité jeudi par le quotidien Yédiot Aharonot, Israël «a fait savoir à la Grèce, amie proche d'Israël, qu'il était inconcevable qu'elle autorise les bateaux de la flottille à quitter ses ports» pour Gaza.

«Les responsables des ports en Grèce ont reçu pour consigne de harceler les organisateurs de la flottille», a précisé le journal.

Le Haaretz (gauche) évoque de son côté une «guerre d'usure» visant à accentuer les pressions psychologiques et financières sur les participants coincés à quai.

Ainsi, l'Israel Law Centre (ILC, Centre de droit israélien), une association juridique marquée à droite, fait-elle campagne pour empêcher la flottille de partir au motif notamment qu'elle viole le droit international.

Le Mossad, le service de renseignement israélien, a souvent été associé à des opérations spectaculaires visant à neutraliser les ennemis de l'État hébreu, sans toujours se soucier des impératifs légaux.

L'an dernier, il a été tenu pour responsable du virus informatique Stuxnet qui a attaqué des ordinateurs du programme nucléaire de l'Iran.

Les responsables de la sécurité israélienne s'abstiennent de tout commentaire sur «les mystérieux déboires» de la flottille.

«Que Dieu en bénisse les auteurs. Tout ce qui gêne, retarde, et réduit les organisateurs de la flottille à l'impuissance, est bon», s'est félicité pour sa part Dan Margalit, éditorialiste du quotidien gratuit Israël HaYom, proche de Benyamin.