Après les tracasseries administratives et les avaries, les militants de la flottille pour Gaza se sont heurtés à un nouvel écueil hier: les autorités grecques leur interdisent maintenant d'appareiller. Un bateau a tenté de défier l'interdit. En vain.

«Nous sommes très enthousiastes. C'est incroyable!», s'est exclamée Greta Berlin dans un entretien téléphonique, à peine audible parmi les cris et les chants. Le bateau américain à bord duquel se trouvait la porte-parole du Free Gaza Movement venait tout juste de lever l'ancre, malgré l'interdiction des autorités grecques.

L'euphorie a été de courte durée: une quinzaine de minutes après son départ du port de Pirée, près d'Athènes, le navire a été intercepté par la garde côtière.

Le ministère grec de la Protection du citoyen avait publié un peu plus tôt dans la journée un avis qui interdisait «à tout bateau battant pavillon grec ou étranger de quitter les ports grecs à destination de Gaza». Une enquête sur une plainte portée par un cabinet juridique israélien serait à l'origine de l'interdiction, selon l'Agence France-Presse.

The Audacity of Hope fait partie de la flottille de neuf bateaux qui tente de mettre le cap sur la bande de Gaza pour briser le blocus. Un dixième navire devait appareiller de Turquie, mais il a dû renoncer au voyage après avoir constaté des dommages à son hélice, mercredi.

De son côté, le bateau canadien a aussi eu maille à partir avec les autorités grecques en fin d'après-midi, selon les organisateurs. «La garde côtière est montée à bord, a dit le porte-parole Stéphan Corriveau, joint au téléphone. Nous étions préparés. Tout est légal et légitime. Ils ont dit qu'ils voulaient prendre les papiers et nous avons dit non.»

Pour les militants, il ne fait aucun doute que l'interdiction d'appareiller et les multiples exigences administratives sont le résultat de pressions israéliennes. L'État hébreu a fait savoir à maintes reprises son intention de freiner la flottille, qu'il qualifie de «provocation».

Les organisateurs sont aussi persuadés que les services israéliens ont saboté deux de leurs bateaux, ce que nie Israël. «Ce sont des accusations paranoïaques et ridicules, a dit à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor. La vie n'est pas un film de James Bond.»

Plus tôt dans la journée, une centaine de militants avaient manifesté devant l'ambassade des États-Unis à Athènes pour demander l'autorisation d'appareiller.

Environ 300 militants de 22 pays doivent se rendre dans la bande de Gaza pour y acheminer des médicaments et du ciment, notamment.

L'an dernier, une flottille avait tenté de briser le blocus à Gaza. Un raid de l'armée israélienne s'était soldé par la mort de neuf ressortissants turcs.