Le torchon brûle entre le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Au cours des dernières semaines, politiciens et clergé se sont disputé l'autorité sur le pays en s'accusant mutuellement d'empiéter sur le territoire de l'autre. Entre les deux, les réformistes tentent un discret retour sur la scène politique. Quatre mots pour comprendre la crise.

Corruption

C'est l'une des raisons pour laquelle une dizaine de proches d'Esfandiar Rahim Machaie, directeur de cabinet et principal conseiller du président Mahmoud Ahmadinejad, ont été arrêtés au cours des dernières semaines. Le président n'a pas apprécié. «Je suis dans l'obligation de défendre le cabinet, qui est une ligne rouge. S'ils veulent toucher au cabinet, je le défendrai.»

Sorcellerie

Esfandiar Rahim Machaie ne serait pas un conseiller ordinaire, à en croire les ultraconservateurs. «J'ai dit à des amis proches qu'à 90% (le président Ahmadinejad) a été envoûté», a affirmé en mai un ayatollah influent. Pourquoi? Il faut remonter aux racines de l'islam chiite: ses adeptes attendent depuis des siècles le retour de l'imam Mahdi et, entre-temps, s'en remettent au clergé. Or, Machaie prétend être en contact direct avec l'imam Mahdi. «Il pourrait un jour faire valoir qu'il n'a donc plus besoin du clergé», dit Houchang Hassan-Yari, expert de la politique iranienne et professeur au Collège militaire royal de Kingston. «Le clergé perdrait de son influence.» Et les milliards donnés par la population...

Dauphins

Trois personnages émergent pour remplacer le président Ahmadinejad à la fin de son mandat, en 2013. Outre son principal conseiller Rahim Machaie, deux vice-présidents, Hamid Baghaie et Mohammad Reza Rahimi, sont aussi sur les rangs. Baghaie, soupçonné d'irrégularités administratives, soulève la méfiance de l'aile conservatrice: trop libéral, trop nationaliste et trop influent. Rahimi, lui, serait corrompu, dit Houchang Hassan-Yari. «Il a menti en affirmant qu'il avait un diplôme universitaire alors que c'est faux.»

Popularité

Mahmoud Ahmadinejad s'est maintes fois prononcé publiquement contre les ultraconservateurs, notamment en 2007, pour autoriser les femmes à aller au stade de football. Cette semaine, il s'est opposé à la séparation des hommes et des femmes dans les universités. Moderne, le président? «Il recourt à tout ce qui est populaire et irrite les ultraorthodoxes», observe Houchang Hassan-Yari. Cela lui vaudra-t-il l'appui des électeurs pour les prochaines élections législatives? Réponse en mars prochain.

d'après l'AFP