Après deux semaines de tergiversations avec les autorités grecques, les militants canadiens de la flottille humanitaire vers Gaza ont décidé de plier bagage. Un nouveau convoi naval pourrait toutefois être organisé d'ici à l'automne, ont annoncé les organisateurs.

La décision a été prise tard samedi. Environ 35 Canadiens, dont cinq Québécois, étaient montés à bord du Tahrir, bateau baptisé du nom de la place centrale du Caire où s'est déroulé le soulèvement populaire qui a mené à la chute du régime Moubarak. Le navire faisait partie d'un groupe de 10 bateaux affrétés par différents pays qui tentaient de se rendre à Gaza à partir de la Grèce. Dimanche, seuls le Juliano (Grèce, Suède, Norvège) et le Dignité-Karama (France) tentaient encore d'atteindre le territoire palestinien.

«Ce n'est que partie remise», a affirmé dimanche le porte-parole du navire canadien, Stephan Corriveau, joint en Grèce. «C'était rendu au point où les exigences des autorités grecques dépassaient le cadre du ridicule et du burlesque. Par exemple, ils nous ont demandé de prouver que notre moteur était en bon état, ce que nous avons fait. Mais là, ils étaient rendus à nous demander de prouver que le diplôme universitaire de l'ingénieur qui a fait l'examen était un vrai diplôme. On savait que ça ne s'arrêterait jamais. Aussi, la majorité des gens étaient ici sur leur temps de vacances et étaient hébergés à leurs frais.»

Même s'ils ne sont pas parvenus à livrer le matériel médical qu'ils transportaient vers Gaza, les passagers du Tahrir estiment avoir accompli une partie de leur mission. «On a marqué beaucoup de points. Nous sommes parvenus à sensibiliser des populations partout dans le monde grâce, en autres, à une large couverture médiatique», a expliqué M. Corriveau, membre de l'organisme Alternatives.

«Nous avons vécu une expérience extraordinaire, a-t-il ajouté. C'était beau de voir comment des gens de toutes les confessions religieuses et de toutes les langues étaient capables, en quelques jours, de travailler dans la cohésion et l'harmonie.»

Au cours des prochaines semaines, les différents équipages des navires plancheront à planifier une nouvelle flottille humanitaire. Pour l'instant, ils pensent qu'un prochain voyage pourrait se tenir dès l'automne et que, cette fois, encore plus de bateaux pourraient se joindre à eux. Selon M. Corriveau, les médicaments qui devaient être transportés à Gaza ont une date de péremption en 2014. Des démarches ont déjà été entreprises pour que les médicaments soient entreposés dans des conditions optimales de conservation.

L'an dernier, une tentative d'approcher Gaza dans une flottille humanitaire avait coûté la vie à neuf personnes, après que l'armée israélienne eut pris d'assaut le traversier turc Mavi Marmara. La semaine dernière, la garde côtière grecque a arraisonné le Tahrir, à peine 15 minutes après qu'il eut levé l'ancre. L'épisode s'est déroulé sans violence.