Septembre. Dans les médias palestiniens et israéliens, le mot résonne comme une date butoir décisive. C'est à ce moment que les Palestiniens tenteront d'obtenir une reconnaissance internationale en demandant une adhésion à l'ONU. Le geste, vu par plusieurs comme une manoeuvre politique voire symbolique est loin de faire l'unanimité. Notre journaliste s'est rendue à Ramallah, en Cisjordanie, voir comment les Palestiniens accueillent ces démarches.

À moins de deux mois de la tentative des Palestiniens d'obtenir un nouveau statut à l'ONU, Faraj Zayoud est fébrile. Le chef de la section européenne du bureau des relations internationales du Fatah, parti du président palestinien Mahmoud Abbas, vient de récolter de nouveaux appuis en Norvège et en Suède. Des nouvelles encourageantes même si, admet-il, cette reconnaissance de la Palestine à l'ONU est un pis-aller.

Assis sur le bout de sa chaise, une épinglette d'un drapeau palestinien fixée à son veston bleu, Faraj Zayoud s'explique dans un anglais hésitant en gesticulant. «Notre première option reste la négociation, dit M. Zayoud. C'est aussi notre deuxième, notre troisième option - jusqu'à 100. Mais si les pourparlers ne reprennent pas, nous ne pouvons pas rester là à attendre jusqu'aux prochaines élections américaines pendant que les colonies israéliennes continuent d'avaler nos terres.»

Jusqu'à mercredi dernier, Mahmoud Abbas gardait la porte ouverte à une reprise des pourparlers, qui ont achoppé en septembre dernier après le refus d'Israël de maintenir le gel de la construction dans les colonies en Cisjordanie. L'insistance d'Abbas sur un retour aux négociations a suscité des questions sur son intention réelle de demander un vote à l'ONU en septembre, certains n'y voyant qu'une manoeuvre politique pour contraindre Israël à accepter ses conditions.

Cette semaine, le président palestinien a exclu une reprise des négociations avant septembre, jugeant qu'il était trop tard. Une rencontre est prévue ce jeudi avec les experts de la Ligue arabe pour rédiger la requête à l'ONU.

Résultats

Même si le vote n'a aucune portée concrète pour la création d'un État palestinien, réussir à récolter l'appui des deux tiers des membres représenterait un gain politique pour les Palestiniens. L'opposition de grandes puissances, comme les États-Unis, pourrait atténuer le poids d'une victoire, mais un nouveau statut permettrait tout de même aux Palestiniens de siéger dans des organisations mondiales, dont la Cour internationale de justice. Les dirigeants souhaiteraient ensuite utiliser ces instances pour faire pression sur Israël afin de faire reconnaître l'État dans les frontières de 1967 - comprenant la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est.

Israël s'est fortement opposé à l'initiative. «Les actions unilatérales n'apporteront pas la paix dans la région», a affirmé cette semaine l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Ron Prosor, cité par l'AFP.

Les Palestiniens aussi divisés sur la question

Nasser Jumaa, membre du Conseil législatif palestinien et ancien chef des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, trouve la tentative «inutile». «Le point le plus important reste la question des colonies israéliennes, note en soupirant l'homme dans la quarantaine. Mais est-ce qu'Israël répondra aux pressions? Est-ce qu'il obéira aux résolutions de l'ONU? Même si la Palestine obtient une reconnaissance - ce qui est une idée tirée par les cheveux -, moi, comme Palestinien, j'aimerais voir des changements sur le terrain.»

Le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a déjà averti des risques de décevoir les attentes des Palestiniens par une résolution qui apportera peu de résultats tangibles à court terme. Plusieurs craignent que la déception se transforme en violence.

Faraj Zayoud ne partage pas cette opinion. «Beaucoup disent que s'il n'y a pas de résultats rapides, ça voudra dire que les Palestiniens vont commencer leur troisième intifada, dit-il. Mais nous sommes toujours dans une intifada palestinienne. Nous avons été dans un printemps palestinien depuis 1987. Nous n'avons jamais arrêté les soulèvements et la résistance. Mais maintenant, nous privilégions cette approche politique non violente comme moyen de résistance.»