Israël a rejeté une demande américaine de présenter des excuses à la Turquie pour l'abordage meurtrier d'une flottille internationale ayant tenté de forcer le blocus de Gaza, qui avait coûté la vie à neuf passagers turcs en mai 2010, a rapporté la radio militaire israélienne.

La radio militaire a affirmé que la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, avait téléphoné mardi au Premier ministre Benyamin Nétanyahou pour lui demander de présenter des excuses à la Turquie, requête qui a été repoussée par M. Nétanyahou.

«Il a répondu qu'Israël n'avait aucune intention de présenter des excuses pour le moment et attendait la publication du rapport du secrétaire général de l'ONU» sur l'incident maritime du 31 mai 2010, a indiqué cette radio.

L'autre grande station israélienne, la radio publique, a précisé que Mme Clinton avait «recommandé que le Premier ministre résolve la crise avec la Turquie car une telle démarche serait également dans l'intérêt des États-Unis».

Le département d'État américain a de son côté qualifié mercredi d'«inexactes» les informations selon lesquelles les États-Unis ont demandé à Israël de présenter de telles excuses à la Turquie.

Une source israélienne a confirmé, sous couvert de l'anonymat, que le Premier ministre israélien s'était entretenu mardi avec Mme Clinton, mais sans vouloir révéler le contenu de cet échange.

La source a néanmoins admis que les États-Unis exerçaient des pressions sur Israël et la Turquie pour régler ce contentieux qui a provoqué une grave crise diplomatique entre ces deux pays anciennement alliés.

«Les Américains veulent boucler cette histoire. Ils ont mis la pression à la fois sur la Turquie et sur Israël pour parvenir enfin à clore ce chapitre», a-t-elle dit à l'AFP.

Selon le quotidien populaire israélien Yediot Aharonot, le gouvernement Obama est embarrassé et irrité par la querelle israélo-turque -deux pays alliés de Washington- qui gêne les efforts américains pour gérer la crise syrienne.

Aux yeux des Américains, des excuses pourraient contribuer à apaiser les frictions entre Israéliens et Turcs.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mercredi qu'il était «impossible» à la Turquie de normaliser ses relations avec Israël tant que ce pays ne présenterait pas ses excuses pour l'abordage sanglant du ferry turc Mavi Marmara, et ne lèverait pas le blocus de Gaza.

«Nous sommes très décidés (...) Pas question de faire marche arrière. Tant qu'Israël ne présentera pas des excuses à la Turquie, ne versera pas des compensations aux familles des victimes, et ne lèvera pas le blocus de la bande de Gaza, une normalisation des relations sera impossible», a-t-il dit à des journalistes à Istanbul.

M. Erdogan a ajouté que la Turquie envisageait «certaines mesures» contre Israël, sans dire lesquelles.

Selon des diplomates turcs, Ankara se prépare à durcir sa position face à Israël: la Turquie, qui a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv après l'opération israélienne et dispose actuellement d'un chargé d'affaires dans ce pays, pourrait réduire davantage encore son niveau de représentation.

Elle pourrait aussi ne pas donner son agrément au remplaçant de l'actuel ambassadeur d'Israël à Ankara.

Israël s'est dit prêt à exprimer ses regrets et à verser des fonds «à titre humanitaire» aux parents des victimes du Mavi Marmara, mais a jusqu'ici obstinément refusé de présenter ses excuses pour ne pas exposer ses soldats à des poursuites judiciaires.

Initialement, le rapport de l'ONU sur cette affaire devait être publié vers le 8 juillet, mais cette publication a déjà été reportée à deux reprises et est désormais prévue pour le 20 août.