Huit Israéliens ont été tués jeudi dans une triple attaque près de la station balnéaire d'Eilat, provoquant une riposte meurtrière de l'armée israélienne contre un groupe radical palestinien de Gaza accusé d'en être responsable.

Sept assaillants ont également péri dans ces attaques soigneusement coordonnées dans la région d'Eilat (sud d'Israël), au bord de la mer Rouge, près des frontières égyptienne et jordanienne, selon le chef du commandement sud d'Israël, Tal Rousso. L'un d'eux a péri «en actionnant sa ceinture d'explosifs», selon lui.

L'un des objectifs des attaquants était de «kidnapper un Israélien» pour le ramener dans la bande de Gaza via la péninsule égyptienne du Sinaï, a précisé un porte-parole de l'armée.

Six civils israéliens, dont deux femmes, ainsi qu'un jeune soldat et un policier ont trouvé la mort dans ces attaques, et au moins 26 Israéliens ont été blessés, selon le dernier bilan.

La première attaque a visé un autobus de la compagnie publique Egged à midi (9h GMT) tout près de la frontière égyptienne. L'autocar, qui transportait surtout des militaires, a été mitraillé par trois hommes munis d'armes automatiques qui ont fait une dizaine de blessés.

Une demi-heure plus tard, un véhicule militaire qui arrivait à la rescousse a été la cible d'une attaque à la bombe. Un soldat de 22 ans a été tué.

L'attaque la plus meurtrière, dans laquelle cinq Israéliens ont péri, s'est produite ensuite quand un véhicule privé a été éventré par une roquette antichar près de Beer Ora, à une quinzaine de km au nord d'Eilat, cette fois près de la frontière jordanienne. Un chauffeur de bus a été aussi tué dans une explosion.

Enfin, un policier est décédé après une ultime fusillade en début de soirée, selon les médias israéliens.

Jeudi soir, quatre roquettes ont été tirées de la bande de Gaza en direction de la ville d'Ashkelon, au sud de Tel-Aviv, et trois ont été interceptées par le système antimissile «Iron Dome» (Dôme de fer), selon l'armée.

Selon un responsable israélien s'exprimant sous couvert de l'anonymat, les assaillants sont entrés en Israël via le Sinaï. «Ils ont quitté Gaza pour aller vers le sud dans le Sinaï, ils sont restés là un moment, puis ils sont remontés vers le nord pour entrer en Israël. Nous avons vu ce mode opératoire avant».

Le ministre de la Défense, Ehud Barak, a affirmé que les attaques venaient de Gaza.

Le mouvement palestinien Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien, a nié les accusations israéliennes, assurant qu'«il n'y a pas de lien entre Gaza et ce qui est arrivé près d'Eilat».

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis que son pays ferait «payer un prix très fort» à ceux qui l'attaquent.

En représailles, l'armée israélienne a lancé un raid aérien sur la ville de Rafah dans le sud de la bande de Gaza, qui a fait six morts palestiniens. Selon le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, quatre dirigeants des Comités de résistance populaire (CRP) ont été éliminés, dont le chef de cette organisation radicale basé à Gaza, Kamal al-Nayrab.

En outre, deux policiers égyptiens ont été tués jeudi lorsqu'un avion israélien a tiré une roquette sur des combattants près de la ville frontière de Rafah à la suite des attaques commises en Israël, selon l'agence de presse officielle égyptienne MENA. L'armée israélienne a démenti.

Par ailleurs, deux garde-frontières égyptiens ont été abattus et un autre blessé jeudi dans le nord du Sinaï, près de la frontière israélienne, par des agresseurs qui ont pris la fuite, selon des sources de sécurité égyptienne.

«Il n'y a pas eu d'échanges de tirs entre nos forces et d'autres éléments dans ce secteur», a indiqué à l'AFP une porte-parole militaire.

En Égypte, le gouverneur de la province du Nord-Sinaï, Abdel Wahab Mabrouk, a assuré que les auteurs des attaques en Israël n'étaient pas venus du territoire égyptien, en faisant état de strictes mesures de sécurité dans la région.

L'armée et la police égyptiennes y mènent depuis plusieurs jours une campagne contre les membres d'un groupe armé soupçonné d'avoir fait exploser le gazoduc livrant Israël et d'avoir attaqué un poste de police.

En août 2010, des roquettes avaient été tirées du Sinaï contre Eilat, sans faire de victime, et le port jordanien d'Aqaba, où une personne avait été tuée et cinq blessées.

Des responsables de la sécurité israélienne avaient attribué la responsabilité de ces tirs non revendiqués à des réseaux jihadistes actifs dans le Sinaï et liés à des groupes de contrebandiers en conflit avec les autorités égyptiennes.

La Maison-Blanche, l'ONU et l'Union européenne ont condamné fermement les attaques en Israël, la secrétaire d'État Hillary Clinton pressant l'Égypte de sécuriser le désert du Sinaï.