Les Palestiniens attendent d'être admis à l'ONU le mois prochain, mais ils ont d'ores et déjà leur «siège»: une chaise fabriquée main, en bois d'olivier, tapissée de velours bleu ciel aux couleurs de l'organisation internationale.

À la fois symbolique et concret, c'est le moyen original qu'a trouvé une ONG palestinienne pour promouvoir l'adhésion à l'ONU en septembre d'un État de Palestine.

Sur le dossier de la chaise sont brodés un petit drapeau palestinien et les mots: «Le droit de la Palestine -État membre à part entière des Nations unies».

«Le bois provient d'un olivier de Jérusalem, l'arbre-symbole de la Palestine. Quant au tissu, il vient de Naplouse», la grande ville palestinienne du nord de la Cisjordanie, explique à l'AFP Soufian al-Qawasmeh, le designer et inventeur du projet, originaire d'Hébron (sud).

«La chaise est une copie conforme de celles utilisées aux Nations unies», dit fièrement Mohammed Sabeh, homme d'affaires et militant de l'ONG «Palestine Deserves» («La Palestine le mérite»), à l'origine de cette campagne.

Le siège onusien va effectuer une tournée internationale, notamment en Europe.

Il commencera son périple par Beyrouth, puis fera escale au Qatar, pays ami des Palestiniens, avant d'être exposé à Londres, Paris, Bruxelles et Madrid.

«Pourquoi Beyrouth? À cause de la présence des 400 000 réfugiés palestiniens au Liban, et parce que ce pays va présider en septembre le Conseil de sécurité de l'ONU», explique un autre homme d'affaires palestinien participant à cette initiative, Samir Al-Baz.

La chaise palestinienne bouclera son voyage à New York où elle sera officiellement présentée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, dans l'espoir qu'elle servira vraiment de siège au futur représentant d'un État de la Palestine dans l'enceinte internationale.

La campagne «Palestine Deserves» est financée par des hommes d'affaires  palestiniens, dont six d'entre eux vont accompagner le siège dans sa tournée qui commence le 4 septembre.

En l'absence de toute perspective de relance immédiate du processus de paix, moribond depuis un an, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas doit présenter, en sa qualité de leader de l'OLP, la requête palestinienne à Ban Ki-moon le 20 septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies.

Les Palestiniens espèrent obtenir une adhésion à part entière de leur État à l'ONU et la reconnaissance de la Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avant la Guerre des Six Jours, soit la totalité de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est.

Ils se heurtent toutefois à l'opposition des États-Unis qui menacent de faire échouer la requête palestinienne en utilisant leur veto au Conseil de sécurité. Une demande d'adhésion à l'ONU doit être validée par le Conseil.

Pour contourner le veto américain, les Palestiniens pourraient alors se tourner vers l'Assemblée générale afin «d'élever (leur) statut à l'ONU d'observateur à État non membre».

Cette formule -s'ils obtenaient l'approbation des deux tiers des États membres de l'Assemblée- leur permettrait de devenir membre à part entière de toutes les agences de l'ONU, comme l'OMS (Organisation mondiale de la santé), l'UNESCO, l'UNICEF, où les Palestiniens ne siègent qu'en tant qu'observateurs.

Les Palestiniens assurent avoir déjà le soutien de 126 des 193 États membres de l'ONU.

Le tout dernier pays à reconnaître, ce mardi, l'État de Palestine dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, est le petit archipel de la Caraïbe Saint-Vincent-et-les Grenadines.