Le président palestinien Mahmoud Abbas apparaissait lundi déterminé à aller jusqu'au bout de la procédure d'adhésion au Conseil de sécurité d'un État de Palestine, au risque d'une confrontation avec les États-Unis.

M. Abbas a personnellement informé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de son intention de lui remettre vendredi la demande d'adhésion pour qu'elle soit soumise au Conseil de sécurité, en sa qualité de chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

«Le président a dit: +Nous voulons d'abord une décision du Conseil de sécurité. Après, toutes les options sont ouvertes», a indiqué le négociateur M. Chaath, membre de la délégation palestinienne, en allusion notamment à la possibilité pour les Palestiniens de se tourner vers l'Assemblée générale pour devenir État non membre de l'ONU.

«Politiquement, il veut essayer le Conseil de sécurité d'abord», a précisé M. Chaath après une rencontre entre le président palestinien et le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, ajoutant que ces «options» seraient envisagées en cas de «délais excessifs» de l'examen de la demande ou de veto au Conseil de sécurité.

Le président français Nicolas Sarkozy doit rencontrer M. Abbas mardi, a annoncé Alain Juppé.

Le président palestinien a confié s'attendre à «des temps très difficiles après le 23 septembre», en référence notamment aux conséquences de la demande d'adhésion sur la relation avec les États-Unis, qui comptent y opposer leur veto.

«D'ici à vendredi, nos efforts se concentreront sur la demande d'adhésion à l'ONU, nous ne discuterons pas d'autres idées», a insisté M. Abbas, en réponse aux efforts diplomatiques pour détourner les Palestiniens de cette voie.

«Nous espérons que cette semaine débouchera sur un résultat dont nous pourrons nous servir pour faire avancer notre cause et nous rapprocher de notre rendez-vous avec la liberté», a déclaré le Premier ministre palestinien Salam Fayyad après une réunion à New York avec le Comité des donateurs aux Palestiniens.

Les États-Unis sont engagés dans un effort de «diplomatie extrêmement intensive» pour tenter de dissuader les Palestiniens de ce projet a déclaré lundi la secrétaire d'État Hillary Clinton.

La Maison Blanche a réitéré son opposition à «des actions unilatérales qui ne rapprocheront pas les Palestiniens de l'État auquel ils aspirent», selon un porte-parole.

Deux importants sénateurs américains ont écrit à 23 dirigeants africains pour leur demander de ne pas voter en faveur d'une initiative «qui irait à l'encontre de la paix».

Les États-Unis redoublent d'efforts pour convaincre les autres membres du Conseil de sécurité de ne pas apporter à la démarche palestinienne les neuf voix nécessaires (sur 15), ce qui leur éviterait d'avoir à y opposer leur veto, un an après le discours du président Barack Obama affirmant vouloir voir un État palestinien entrer à l'ONU en 2011.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui récuse catégoriquement la démarche palestinienne, a appelé M. Abbas à «ouvrir des négociations directes à New York qui se poursuivront ensuite à Jérusalem et Ramallah» en Cisjordanie.

M. Chaath a rejeté cette proposition, réaffirmant l'exigence des Palestiniens pour reprendre les pourparlers, enlisés depuis un an, de paramètres «clairs» de négociations et de l'arrêt de la colonisation.

M. Netanyahu doit se rendre lui-même mercredi à New York pour exprimer la «vérité» d'Israël face à la revendication palestinienne à la tribune de l'Assemblée générale, après le président palestinien.

Selon un sondage publié lundi, 83% des Palestiniens soutiennent la demande d'adhésion qui sera soumise vendredi à l'ONU, même s'ils redoutent également de graves conséquences économiques qui pourraient s'ensuivre.

Les Européens, divisés, veulent «croire à une solution constructive susceptible de rassembler le plus grand soutien possible et de permettre une reprise des négociations», selon Maja Kocijancic, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.