Le ministère israélien de l'Intérieur a annoncé mardi avoir approuvé la construction de 1100 nouveaux logements dans le quartier de colonisation juive de Gilo à Jérusalem-Est occupé et annexé, s'attirant les condamnations palestiniennes et de la communauté internationale.

La décision a été vivement critiquée par les États-Unis, «profondément déçus», l'Union européenne, la France, qui a parlé de «provocation», et la Grande-Bretagne qui a demandé l'abandon du projet, au moment où la communauté internationale s'efforce de relancer les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens.

Dans un communiqué, le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, a estimé que l'annonce israélienne «nuit aux chances de reprise des négociations en vue de régler le conflit par la solution de deux Etats», Israël et la Palestine.

Le plan de Gilo a été approuvé par le comité d'urbanisation du ministère et il est à présent ouvert aux objections du public pendant 60 jours, selon un communiqué.

Les éventuelles objections seront discutées par le comité, avant le lancement d'un appel d'offres pour la construction, a précisé à l'AFP un porte-parole du ministère, Roei Lachmanovich.

«Israël répond au communiqué du Quartette par 1100 "non"», a réagi le négociateur palestinien Saëb Erakat, en référence à l'appel du Quartette (Etats-Unis, Union européenne, ONU et Russie) vendredi à une reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes.

Le Quartette a appelé les deux parties à reprendre les pourparlers et à «se garder d'actes provocateurs pour que les négociations soient efficaces», quelques heures après le dépôt par le président palestinien Mahmoud Abbas de la demande d'adhésion à l'ONU d'un Etat de Palestine, sur laquelle doit se prononcer le Conseil de sécurité.

«Nous disons aux pays qui ne soutiennent pas notre démarche au Conseil de sécurité que la seule voie vers la paix et une solution à deux Etats est de soutenir la demande palestinienne pour une adhésion en tant que membre à part entière» de l'ONU, a plaidé M. Erakat, dans une déclaration à l'AFP.

«Le Premier ministre israélien affirme n'avoir aucune condition préalable, mais par cette décision il crée des conditions préalables sur le terrain. Il dit qu'il ne devrait pas y avoir de mesures unilatérales, mais rien n'est plus unilatéral qu'une énorme vague de construction de colonie sur la terre palestinienne», affirme le gouvernement palestinien dans un communiqué.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a laissé entendre qu'il n'avait pas l'intention de décréter un nouveau gel de la colonisation en Cisjordanie pour convaincre les Palestiniens de revenir aux négociations, arrêtées il y a un an.

«Nous avons déjà donné», a affirmé M. Netanyahu dans un extrait d'une  interview au Jerusalem Post publié mardi qui doit être rendue publique dans son intégralité mercredi à l'occasion de la célébration du Nouvel An juif.

Il explique également qu'il ne compte pas intervenir dans le projet de construction de logements à Gilo.

«Je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de nouveau. Nous planifions à Jérusalem, nous construisons à Jérusalem, un point c'est tout, de la même façon que les gouvernements israéliens l'ont fait depuis la fin de la guerre de 1967», lorsque Israël a conquis puis annexé Jérusalem-Est, a-t-il déclaré.

«Nous construisons dans les quartiers juifs, les Arabes construisent dans les quartiers arabes, c'est comme cela que cela marche dans cette ville», a-t-il insisté.

M. Abbas a réaffirmé dimanche qu'il ne négocierait pas avec Israël sans un gel «complet» de la colonisation, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Selon les dernières statistiques officielles israéliennes, publiées mardi, la population des implantations juives en Cisjordanie a augmenté de 3500 personnes en 2010, à 312 000.