Anwar al-Aulaqi, imam radical américano-yéménite lié à Al-Qaïda et ennemi public de Washington au même titre qu'Oussama ben Laden, a été tué vendredi au Yémen, ont annoncé des responsables yéménite et américain.

Q: En quoi la mort d'Anwar Al-Aulaqi est-elle un événement important?

R: Al-Aulaqi agissait comme maître à penser et agent de recrutement pour Al-Qaïda. L'homme de 40 ans avait notamment correspondu avec le militaire américain Nidal M. Hasan, qui a par la suite abattu 13 personnes dans la tuerie de Fort Hood, au Texas, en 2009. L'année suivante, il avait été lié aux bombes dissimulées dans les cartouches d'imprimantes mises à la poste au Yémen à destination des États-Unis. Hier, le président Obama a affirmé qu'Al-Aulaqi avait «encouragé des gens aux États-Unis et dans le monde à tuer des hommes, femmes et enfants afin de faire progresser sa cause haineuse.»

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Q: Al-Aulaqi était-il un terroriste?

R: Nous ne le saurons jamais, car il n'a pas été traduit en justice. Le gouvernement américain lui reproche surtout d'avoir agi comme guide spirituel pour des terroristes. Né au Nouveau-Mexique, imam modéré d'une mosquée de San Diego de 1996 à 2000, Al-Aulaqi parlait un anglais impeccable et utilisait YouTube et Facebook pour diffuser ses idées haineuses. Il avait du charisme, et beaucoup de crédibilité auprès des jeunes recrues d'Al-Qaïda. Plus tôt cette année, son père avait confié au journal The Guardian: «Mon fils n'est pas dangereux, il a une grande gueule, voilà tout.»

Q: Comment a-t-il été tué?

R: Al-Aulaqi a été abattu dans le nord du Yémen, vendredi matin, par un missile Hellfire tiré par un drone, a dit savoir le Washington Post, hier. Son assassinat avait expressément été autorisé par le président Obama, faisant d'Al-Aulaqi le premier américain à être ciblé pour une exécution extrajudiciaire. Selon le journal, son corps a été enterré sur place. L'attaque a également fait une autre victime américaine en la personne de Samir Khan, 25 ans, éditeur du magazine d'Al-Qaïda Inspire, publié en anglais sur le web. Khan s'était rangé aux côtés d'Al-Aulaqi et s'était dévoué à la cause du djihad contre les États-Unis.

Q: Comment l'assassinat est-il perçu chez les Américains?

R: Les réactions ont généralement été positives, et l'élimination du membre d'Al-Qaïda est une victoire pour le président Obama. Certains commentateurs ont toutefois rappelé que les assassinats sans procès décidés par l'administration Obama rappelaient les méthodes de George W. Bush, tant décriées à l'époque. «Y a-t-il une seule personne à la télé qui ait mentionné qu'il était troublant que le gouvernement tue ses citoyens de façon arbitraire?, a demandé hier Glenn Greenwald, chroniqueur pour le site progressiste Salon.com. Les gens trouvent horrible que Rick Perry tue des gens qui ont eu un procès, mais applaudissent quand Obama tue des gens de façon arbitraire.» La nationalité américaine Al-Aulaqi crée un malaise perceptible aux États-Unis. Les médias américains ont préféré qualifier Al-Aulaqi de «US born» (né aux États-Unis) plutôt de d'«Américain», comme s'il avait renoncé à sa nationalité, ce qui n'était pas le cas.