Israël contraint la population palestinienne de Jérusalem-Est de quitter la ville, accuse dans un rapport une ONG israélienne de défense des droits de l'homme qui a saisi l'ONU pour enquêter sur ce potentiel «crime de guerre».

«Les Palestiniens sont confrontés à un dilemme: soit ils peuvent demeurer à Jérusalem, mais construire illégalement, parce que les chances d'obtenir un permis de construire sont quasi nulles, soit ils doivent partir», explique l'ICAHD qui milite contre les démolitions d'habitations palestiniennes.

«Légalement, cela porte un nom: le «déplacement ethnique», écrit l'avocat Michaël Sfard, co-auteur du rapport d'ICAHD (Israeli Committee Against House Demolitions) intitulé «Pas de maison, pas de patrie».

Selon ce rapport, le conseil municipal de la ville n'a accordé que 18 permis de construire l'an dernier aux 300 000 Palestiniens de Jérusalem-Est.

Interrogée, la mairie israélienne de Jérusalem a rejeté des accusations «mensongères» qui s'appuient sur des «faits tronqués», soulignant qu'elle «investit des sommes sans précédent pour améliorer la qualité de la vie».

«La municipalité de Jérusalem continuera à oeuvrer pour fournir des perspectives de logement abordable à tous les habitants de la ville», y compris «musulmans», a déclaré son porte-parole Stephan Miller à l'AFP.

Dans des plaintes soumises lundi à trois rapporteurs spéciaux de l'ONU, l'ICAHD a réclamé l'ouverture d'une enquête sur la légalité de la politique urbaine israélienne dans la partie orientale de la Ville sainte, conquise et annexée par Israël en juin 1967.

«Il existe un endroit entre le fleuve du Jourdain et la mer Méditerranée où les programmes israéliens ont pour objectif de chasser les Palestiniens de leur lieu de résidence: il s'agit de Jérusalem-Est», affirme le rapport.

Selon l'avocat Michaël Sfard, «il y a un danger que des crimes de guerre aient pu être commis et pour le vérifier une enquête est nécessaire».

Ces plaintes sont les premières de la part d'une ONG israélienne.

Israël considère l'ensemble de Jérusalem comme sa capitale «éternelle et indivisible», ce que la communauté internationale ne reconnaît pas.

Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État.