Les ministres du cabinet israélien ont décidé, lundi, de retenir quelque 100 millions $ US de taxes prélevées au nom des Palestiniens, malgré les avertissements du ministère de la Défense qui pense que cette mesure pourrait menacer la stabilité du gouvernement de Mahmoud Abbas en Cisjordanie, a annoncé un responsable.

Israël a cessé de transférer les taxes à l'Autorité palestinienne en représailles à l'admission de la Palestine au sein de l'UNESCO, qui fait partie d'une campagne plus large visant à obtenir la reconnaissance d'un État palestinien par les Nations unies.

Israël pense que la création d'un État palestinien ne peut se faire que par le biais de négociations et estime que la campagne des Palestiniens à l'ONU exerce une pression indue sur l'État hébreu.

Lors de la réunion des membres du cabinet avec les responsables de la sécurité, les représentants du ministère de la Défense ont estimé que le fait de couper le financement de l'Autorité palestinienne menacerait le gouvernement modéré de Mahmoud Abbas en Cisjordanie, qui emploie des milliers de personnes, notamment du personnel de sécurité dont le travail afin de prévenir les attaques contre Israël a déjà été salué par Israël et les États-Unis.

Le responsable a rapporté ces discussions en réclamant l'anonymat, puisqu'il n'est pas autorisé à dévoiler le contenu des réunions à huis clos des ministres.

En vertu des accords de paix intérimaires, Israël collecte les droits de douane, les taxes frontalières et une certaine partie de l'impôt sur le revenu au nom des Palestiniens, puis les transfère au gouvernement de Cisjordanie sur une base mensuelle. Les transferts ont été suspendus le 3 novembre en réaction à l'admission de la Palestine dans l'UNESCO.

La décision de suspendre les transferts aux Palestiniens est intervenue après un nouvel échec des médiateurs internationaux, qui voulaient ramener les deux parties à la table des négociations. Des représentants du «Quartette» pour la paix au Proche-Orient ont rencontré les deux parties séparément lundi.

Un proche collaborateur de Mahmoud Abbas, Saeb Erekat, a réitéré la condition des Palestiniens pour la reprise des pourparlers, soit qu'Israël cesse de construire des logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, des territoires que les Palestiniens revendiquent pour leur futur État. Israël rejette toute condition pour la reprise des négociations, et les responsables du gouvernement ont renouvelé lundi leurs appels à la reprise des pourparlers directs.

Dans la bande de Gaza, un raid aérien israélien mené dans la nuit de dimanche à lundi a tué un agent de la police navale du Hamas et en a blessé sept autres, selon les autorités du territoire. Un poste de la police navale a été détruit dans le raid, d'après les mêmes sources.

L'armée israélienne a indiqué avoir visé un «site d'activité terroriste» non spécifié après que des militants de la bande de Gaza eurent tiré une roquette dans le sud d'Israël. Personne n'a été blessé dans l'attaque à la roquette survenue dimanche soir.

Mais le consul français à Gaza et sa femme ont été blessés dans le raid israélien, a déclaré tard lundi soir un porte-parole du consulat de France à Jérusalem.

Le porte-parole, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat conformément au protocole de la diplomatie française, a indiqué que le consul Majdi Jameel Yassin Shaquour et sa femme étaient chez eux quand une explosion survenue à proximité a fait trembler les murs de leur maison. Une deuxième explosion a ensuite fait voler en éclats les vitres de la résidence et M. Shaquour et sa femme ont été blessés. Le porte-parole n'a pu donner de détails sur la gravité de leurs blessures.

Un porte-parole militaire israélien a déclaré sous le couvert de l'anonymat qu'après une enquête, rien n'indiquait que l'armée israélienne ait été impliquée dans cet incident. Il a précisé que le consulat de France n'avait pas contacté l'armée à ce sujet.