Des militants palestiniens ont voulu défier le système israélien, hier. Dans un autobus généralement utilisé par les colons de Cisjordanie, ils ont mis le cap sur Jérusalem, dans un acte inspiré des freedom rides américaines, disent-ils. Notre journaliste était à bord.

«Mon nom est Huwaida Arraf, je suis une freedom rider. J'essaie seulement d'aller à Jérusalem», a crié une militante palestinienne, transportée hors d'un autobus par des policiers israéliens près d'un point de contrôle qui sépare Jérusalem de la Cisjordanie.

La jeune avocate, très active pour la cause palestinienne, fait partie des six militants qui ont tenté un coup d'éclat, hier, en prenant un autobus israélien près de Ramallah en direction de Jérusalem. Pendant près d'une heure, l'autobus a été immobilisé non loin du point de contrôle. À bord, les militants ont brandi leur drapeau palestinien et leurs pancartes frappées de mots comme «liberté» aux journalistes présents, avant de se faire arrêter un par un. Les Palestiniens de Cisjordanie ne peuvent se rendre à Jérusalem sans un permis spécial.

Les militants jugent le système discriminatoire, et se sont comparés aux «passagers de la liberté», en référence au mouvement pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis, dans les années 60.

Même si aucune loi n'interdit aux Palestiniens de prendre les autobus israéliens qui circulent en Cisjordanie, ceux-ci voyagent sur des routes contrôlées par Israël, auxquelles les Palestiniens n'ont pas toujours accès. Israël estime les mesures nécessaires pour des raisons de sécurité.

Les militants, cinq hommes et une femme, ignoraient s'ils pourraient monter à bord d'un autobus israélien. Entourés de plusieurs dizaines de journalistes et de militants palestiniens et israéliens, ils se sont rendus à l'arrêt d'autobus aux abords de la colonie de Psagot. Au moins trois autobus ont passé leur chemin sans s'arrêter en les voyant, foulard à motif damier au cou et pancartes à la main.

Finalement, un chauffeur les a laissé monter à bord, sous l'oeil de soldats et de policiers israéliens arrivés sur les lieux.

«Le chauffeur a eu l'air étonné par mon keffieh et par ce que je portais, a raconté en riant Basil Al-Araj. Mais je lui ai dit: Voici mon argent, s'il vous plaît, donnez-moi mon billet et il me l'a donné.» Aucun problème n'a été signalé avec la poignée de passagers israéliens à bord de l'autobus.

L'autobus a été immobilisé au point de contrôle qui marque l'entrée à Jérusalem pendant environ une heure. «La police frontalière a demandé nos permis», a dit Badi' Dwaik à bord de l'autobus. J'ai dit: Pourquoi est-ce que j'ai besoin d'une permission et pas les colons? Notre message est de montrer que c'est de la discrimination et un régime d'apartheid.»

Finalement, des policiers sont montés à bord de l'autobus et ont demandé aux militants de sortir. Ils ont refusé de le faire. Les policiers les ont alors transportés un par un à l'extérieur de l'autobus.