Les ONG israéliennes crient au préjudice. Les députés se défendent au nom de l'État. Deux propositions de loi sèment la controverse en Israël. Retour sur le dernier feuilleton qui oppose les organismes de gauche au gouvernement de droite.

Les organisations non gouvernementales israéliennes dont les activités concernent notamment les droits des Palestiniens et l'opposition à la colonisation accusent leur gouvernement de vouloir leur mettre de nouveaux bâtons dans les roues.

Un comité ministériel israélien a donné son feu vert, dimanche, à deux propositions de loi controversées qui visent le financement d'ONG, principalement celles dont les activités vont à l'encontre des orientations du gouvernement actuel.

Si les deux propositions passent toutes les étapes et aboutissent à une nouvelle loi - ce dont des analystes doutent -, elles pourraient rendre leur travail difficile.

Les deux textes ciblent le financement des ONG par les États étrangers ou les institutions internationales. L'une veut imposer un plafond des dons aux ONG qui cherchent à «influer sur le programme diplomatique et sécuritaire d'Israël» ou qui s'engagent dans des activités politiques. La deuxième prévoit une taxe importante sur les sommes versées.

La gauche israélienne a décrié ces propositions de loi, perçues comme une nouvelle tentative de museler les groupes qui s'opposent au gouvernement de droite, quelques mois après l'adoption d'une loi interdisant l'appel au boycottage des colonies. Généralement, ce sont les organismes de gauche qui reçoivent du financement de gouvernements étrangers. Les propositions ne visent pas les dons étrangers privés, dont bénéficient certains groupes de droite.

«C'est non-démocratique»

«Ça donne une impression très négative, dit le directeur général de La Paix maintenant, Yariv Oppenheimer. C'est comme si l'État nous liait les mains pour rendre impossible ou difficile de faire ce en quoi nous croyons. Et c'est simplement parce que nous n'avons pas le même point de vue. C'est non-démocratique.»

La Paix maintenant estime que de 40 à 50% de son budget proviennent de gouvernements étrangers, comme la Norvège et la Grande-Bretagne. Plusieurs de ses projets les plus importants, comme la surveillance des activités dans les colonies de Cisjordanie, sont soutenus par des fonds publics étrangers.

Le député Ophir Akunis a défendu dans un communiqué sa proposition sur la limite du financement des ONG en soulignant qu'elle visait «à empêcher l'ingérence de gouvernements étrangers - même ceux de pays amis - dans les affaires politiques israéliennes à travers le soutien à des ONG».

Les deux propositions ont reçu l'appui de 11 ministres contre 5. Les politiciens qui se sont opposés ont demandé un nouveau vote. Elles devraient ensuite être soumises à la Knesset, Parlement israélien.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a soutenu les propositions, mais aurait exprimé certaines réserves, selon Haaretz. Des questions sur leur constitutionnalité ont aussi été soulevées.

L'analyste politique Menachem Hofnung reste sceptique sur la possibilité qu'une telle loi soit adoptée. «Ça reste à voir, dit-il. Mais c'est surtout une déclaration pour mettre ces organisations à part. Il y a des moyens de contourner les problèmes de fonds. Ce n'est pas tant pour l'argent que pour la stigmatisation.»

-Avec Haaretz et l'AFP