Le commandant de la marine iranienne a souligné mercredi qu'il était «très facile» pour l'Iran de fermer le détroit d'Ormuz, passage obligé de nombreuses exportations pétrolières, provoquant une sévère mise en garde des États-Unis.

«Fermer le détroit est très facile pour les forces armées iraniennes, c'est comme boire un verre d'eau, comme on dit en persan», a déclaré l'amiral Habibollah Sayyari, tout en estimant qu'une telle mesure n'était pas nécessaire pour l'instant.

Des manoeuvres navales sont en cours depuis cinq jours dans ce détroit par où transite entre un tiers et 40% du trafic maritime pétrolier mondial.

«Tout le monde sait combien le détroit est important et stratégique, et il est complètement sous le contrôle de la République islamique d'Iran», a dit le chef de la marine iranienne à la télévision en langue anglaise Press-TV.

«Aujourd'hui nous n'avons pas besoin de (fermer, ndlr) le détroit car nous contrôlons la mer d'Oman et nous pouvons contrôler le transit» maritime et pétrolier, a-t-il cependant estimé.

Réagissant à cette menace, les États-Unis ont mis en garde mercredi soir Téhéran: «Aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne sera tolérée», a déclaré George Little, un porte-parole du Pentagone.

Paris a de son côté appelé l'Iran à respecter «le droit international» et «la liberté de navigation».

Evoquant les manoeuvres navales iraniennes, M. Little a souligné que cela «arrive assez fréquemment». «Cela dit, toute tentative de faire monter la tension dans la région est inutile», a-t-il noté.

La marine iranienne a entamé samedi dix jours de manoeuvres militaires navales autour du détroit d'Ormuz, un couloir particulièrement vulnérable en raison de sa faible largeur, 50 km environ, et de sa profondeur, qui n'excède pas soixante mètres. Les forces navales ont été déployées à l'est du détroit, dans la mer d'Oman et dans le Golfe d'Aden, ainsi que dans l'océan Indien.

«Nous surveillons totalement les menaces et les mouvements (des forces américaines, ndlr) et nous répondrons de la manière la plus forte à toute menace», a déclaré l'amiral Sayyari.

Les États-Unis maintiennent dans le Golfe une présence navale puissante, avec notamment la Ve flotte, basée à Bahreïn.

Les États-Unis et certains pays européens, qui ont déjà adopté des sanctions contre les secteurs pétrolier, gazier et pétrochimique iraniens, envisagent des sanctions contre les exportations pétrolières de l'Iran à cause de son programme nucléaire controversé.

Mardi, le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Rahimi, avait déjà affirmé que dans cette hypothèse, «aucune goutte de pétrole ne transitera par le détroit d'Ormuz».

Outre l'Iran, second producteur de l'Opep, les autres pays du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, le Koweït, l'Irak, le Qatar et les Emirats arabes unis, exportent une partie de leur pétrole par ce détroit.

«Nous n'avons aucune envie d'hostilités ou de violence (...) mais les ennemis renonceront à leurs complots seulement le jour où nous les remettrons à leur place», avait-il ajouté.

«L'Union européenne envisage une autre série de sanctions contre l'Iran et nous ne renonçons pas à cette idée», malgré la menace iranienne, a réaffirmé mercredi à l'AFP un porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton.

La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne défendent l'idée d'un embargo sur l'achat de brut iranien, mais d'autres pays européens y sont opposés. Téhéran vend quelque 450 000 barils/jour (18% de ses exportations) aux Européens, essentiellement à l'Italie (180 000 barils), à l'Espagne (160 000 barils) et à la Grèce (100 000 barils).

Sur le marché pétrolier, les cours, qui avaient dépassé mardi la barre des 100 dollars après les déclarations de Mohammad Reza Rahimi, se sont nettement repliés mercredi à New York. Selo l'analyste John Kilduff, d'Again Capital, le marché était «allé trop loin» en réaction à la situation en Iran.