Téhéran a salué samedi la libération par la marine américaine de 13 marins iraniens dont le navire avait été pris en otage par des pirates somaliens près du Golfe, occasionnant un répit dans les tensions entre l'Iran et les États-Unis.

L'agence de presse Fars, proche des Gardiens de la révolution (garde prétorienne du régime), s'est cependant montrée dubitative quant à cette libération, la qualifiant de «film hollywoodien» et accusant Washington de chercher à «justifier la présence du porte-avions (américain) dans les eaux du Golfe».

«Nous considérons l'action des forces américaines qui ont sauvé la vie de marins iraniens comme un geste humanitaire positif et nous saluons cette initiative», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, à la chaîne iranienne de langue arabe Al-Alam.

«Nous estimons que toutes les nations devraient avoir une telle attitude», a-t-il ajouté.

Le Pentagone a annoncé vendredi cette libération de même que la capture de 15 pirates présumés.

Les militaires américains ont indiqué que l'opération avait été menée jeudi par le destroyer USS Kid, un des navires de guerre escortant le porte-avions USS John C. Stennis, à la suite d'un appel de détresse. Le porte-avions USS John C. Stennis venait alors de quitter le Golfe pour rejoindre la mer d'Arabie.

«Le (navire iranien) Al Molai était aux mains des pirates depuis 40 à 45 jours. (Son équipage) était retenu en otage avec des rations réduites et nous pensons qu'ils étaient contraints par les pirates de les aider dans leurs opérations de piraterie», selon Josh Schminky, un enquêteur du Service d'enquête criminelle de la Marine (CIS) cité dans un communiqué de la Ve flotte.

«C'est comme si vous étiez envoyé par Dieu», a déclaré un des marins iraniens, Fazel Ur Rehman, 28 ans, aux militaires américains, selon des propos rapportés par le New York Times, dont un journaliste et un photographe ont pu monter à bord du navire.

Le capitaine de vaisseau John Kirby, porte-parole du Pentagone, a indiqué que l'équipage iranien avait pu reprendre librement sa route, grâce à du carburant et des provisions fournis par les militaires américains.

Pour l'agence Fars, cette libération ressemble «plus à un film hollywoodien (...). Cela montre que les Américains voulaient l'utiliser à des fins de propagande».

«La marine iranienne a, en maintes occasions, secouru des navires étrangers qui se trouvaient entre les mains de pirates, mais elle n'a jamais été saluée par les médias étrangers, même si les responsables de la marine iranienne ne recherchent pas une telle publicité», ajoute Fars.

«Cette action américaine, qui semble avoir été 'pré-organisée' est entourée de soupçon», poursuit encore l'agence.

Cette opération intervient alors que la tension entre Téhéran et Washington est montée d'un cran après que l'Iran eut menacé de fermer le détroit d'Ormuz, passage stratégique pour le trafic maritime pétrolier, à la suite de nouvelles sanctions américaines contre son programme nucléaire controversé.

Mardi, le général Attaollah Salehi, le chef de l'armée iranienne, avait mis en garde contre la présence de la marine américaine dans le Golfe, en évoquant directement le USS John C. Stennis: «Nous conseillons au porte-avions américain qui a traversé le détroit d'Ormuz et se trouve en mer d'Oman de ne pas retourner dans le Golfe Persique. L'Iran n'a pas l'intention de répéter son avertissement».

En dépit de ces menaces, Washington a promis de maintenir ses navires de guerre dans le Golfe, estimant que les avertissements de l'Iran trahissent sa «faiblesse» et montrent l'efficacité des sanctions.