Les Émirats arabes unis prévoient d'achever d'ici juin la construction d'un oléoduc leur permettant d'exporter leur pétrole sans passer par le détroit stratégique d'Ormuz, que l'Iran menace de fermer.

«L'oléoduc est presque terminé, il sera opérationnel dans six mois, en mai ou en juin», a déclaré lundi le ministre émirati de l'Énergie Mohamed ben Dhaen al-Hamili à la presse, en marge d'une conférence sur le pétrole à Abou Dhabi.

L'Iran a menacé de fermer le détroit d'Ormuz, par lequel transite 35% du pétrole brut transporté par voie maritime dans le monde, en cas de sanctions contre ses exportations pétrolières, une éventualité envisagée par les États-Unis et certains pays européens.

L'oléoduc en chantier permettra d'acheminer le pétrole depuis les champs de Habshan dans l'émirat d'Abou Dhabi au port de Foujeirah, sans avoir à transiter par le détroit d'Ormuz.

«Dans six mois, en juin ou en mai, il sera possible de commencer les exportations», a ajouté M. Hamili, précisant que la capacité de l'oléoduc est de «1,5 million de barils par jour et peut atteindre 1,8 mbj», soit 70% de la production des Émirats, pays membre de l'OPEP produisant environ 2,5 mbj.

La construction de cet oléoduc de 360 km de long a commencé en 2008 pour contourner le détroit d'Ormuz qui relie le Golfe bordé de riches États pétroliers comme l'Arabie saoudite et le Koweït, à la mer d'Oman.

Outre les Émirats et l'Iran lui-même, toutes les exportations de pétrole de Bahreïn, du Koweït et du Qatar passent par le détroit d'Ormuz. La plus grande partie des exportations de l'Irak emprunte aussi ce détroit, ainsi que celles de l'Arabie saoudite, qui possède cependant des terminaux sur la Mer Rouge.

La tension est montée entre Téhéran et Washington après des manoeuvres militaires iraniennes et des mises en garde de l'Iran contre la présence de la marine américaine dans le Golfe.

Le chef du Pentagone Leon Panetta a averti que les États-Unis «répondront» par la force si l'Iran cherche à bloquer le détroit d'Ormuz, évoquant une «ligne rouge» à ne pas franchir.

Le ministre émirati a refusé de répondre à une question sur les autres mesures prises par les Émirats en cas de fermeture du détroit stratégique, affirmant: «qui a dit que le détroit d'Ormuz allait être fermé?»

L'éventualité de nouvelles sanctions contre les exportations pétrolières qui assurent à l'Iran, deuxième producteur de l'OPEP, 80% de ses devises, a été envisagée par les États-Unis et certains pays européens pour amener Téhéran à céder sur son programme nucléaire controversé.

La construction de l'oléoduc ne résout cependant pas «le problème chronique» de la dépendance des pays du Golfe au détroit d'Ormuz pour l'exportation de leur brut, a estimé l'expert pétrolier koweïtien Moussa Marafi.

«L'oléoduc résout seulement une partie du problème (...) car il ne peut être utilisé que par les Émirats», a-t-il expliqué.

«Ce qui est nécessaire, c'est un oléoduc stratégique reliant le Koweït au Golfe d'Oman, à travers l'Arabie saoudite», faute de quoi les monarchies du Golfe demeureront «à la merci» de l'Iran, a-t-il estimé.

L'expert a cependant estimé qu'il était «très improbable» que l'Iran mette sa menace de fermer le détroit à exécution. «Cela provoquerait la guerre (...) et ce n'est pas dans son intérêt», a-t-il dit.

Un autre expert pétrolier, Kamel al-Harami, a également qualifié de «coup de bluff» les menaces de l'Iran, affirmant qu'elles ne faisaient que provoquer «une flambée des prix du pétrole».