Le processus de paix au Proche-Orient n'a jamais été en aussi fâcheuse posture depuis 20 ans, et les événements des printemps arabes l'ont recalé en dernière page de l'ordre du jour mondial, a regretté jeudi à Davos le premier ministre palestinien Salam Fayyad.

Intervenant devant le 42e Forum économique mondial, M. Fayyad, considéré comme un modéré, a estimé qu'une aide extérieure pour relancer ce processus était désespérément recherchée.

Au cours du même débat, le président israélien Shimon Peres, convaincu qu'une solution était à portée de main, a jugé préférable au contraire que les grandes puissances restent à l'écart et laissent les deux parties parvenir à des négociations directes.

Le processus de paix est au point mort depuis septembre 2010, le Quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, Russie, Union européenne et ONU) ayant échoué à faire revenir les deux parties à la table de négociations.

Une série de cinq «rencontres exploratoires» israélo-palestiniennes en Jordanie pour examiner la possibilité d'une relance des négociations de paix s'est achevée mercredi sans résultat tangible, les dirigeants palestiniens se retrouvant sous pression du Quartette et d'Israël pour continuer les discussions.

«Nous devons maintenir l'espoir. (...) Mais à l'heure actuelle, il faut vraiment faire beaucoup d'efforts pour garder l'espoir quand on voit où en est le processus de paix», a dit M. Fayyad.

«Depuis le début d'Oslo, le processus politique n'a jamais autant manqué de vigueur», a-t-il ajouté, en référence au début des négociations de paix en 1991 qui ont conduit aux accords d'Oslo en 1993.

«Il est clair que nous devons négocier autour d'une table mais il est évident que nous avons besoin d'un sérieux coup de main de la communauté internationale pour y parvenir», a-t-il ajouté.

Shimon Peres qui s'est vu décerner le prix Nobel de la paix pour sa contribution aux accords d'Oslo, a jugé que le fossé entre les deux parties «s'était réduit considérablement et que ni les Palestiniens ni les Israéliens n'avaient d'autre alternative sérieuse que de faire la paix».

«Je pense que des efforts diplomatiques devraient être déployés entre nous (Palestiniens et Israéliens) parce que le Quartette a ses propres divisions car il y a des élections aux États-Unis et en Russie», a déclaré M. Peres.

Selon l'ancien Premier ministre israélien, le remodelage de la carte politique au Moyen-Orient pourrait être favorable à Israël si les nouveaux régimes issus des printemps arabes parviennent à relever le défi de la pauvreté.

«Le problème réel dans le monde arabe, c'est la pauvreté, pas la politique. Je suis convaincu que si le monde arabe vit dans de meilleures conditions, Israël aura plus de chance de vivre en paix», a-t-il dit.

Pour M. Fayyad, «une conséquence immédiate des printemps arabes, c'est que notre cause a été marginalisée d'une façon notable. Il pourrait s'écouler plusieurs années avant que la région ne trouve un meilleur équilibre».