L'armée israélienne a fermé deux stations de télévision locales palestiniennes dans la nuit de mardi à mercredi dans la ville autonome de Ramallah, a-t-on appris de sources concordantes.

L'armée israélienne a précisé que ces fermetures, en zone sous contrôle total palestinien, avaient été effectuées à la demande du ministère israélien des Communications, affirmant que ces chaînes opéraient illégalement.

Le premier ministre palestinien Salam Fayyad a dénoncé «une nouvelle et très dangereuse escalade israélienne contre l'Autorité palestinienne», lors d'une visite dans les locaux d'Al-Watan, une petite chaîne privée locale.

«Nous poursuivrons nos efforts auprès de toutes les institutions internationales, en particulier du Quartette, qui a démontré son échec à empêcher les violations israéliennes des accords», a-t-il déclaré aux journalistes, en référence au Quartette sur le Proche-Orient (États-Unis, Russie, ONU, Union européenne).

«Des soldats israéliens sont venus vers 2h du matin (19h, heure de Montréal) et ont pris une trentaine d'ordinateurs et tous les transmetteurs. Un de nos gardes de sécurité a essayé de les arrêter, mais ils lui ont dit qu'ils avaient des ordres officiels de fermer la station qui a complètement cessé de diffuser», a indiqué à l'AFP le rédacteur en chef d'Al-Watan, Ali Daraghmeh.

«C'était une surprise», a de son côté déclaré Mouammar Orabi, le directeur général de la chaîne.

«Nous ne savons toujours pas pourquoi ils ont confisqué l'équipement et fermé la station alors que nous travaillons dans des zones sous contrôle de l'Autorité palestinienne qui nous a délivré une autorisation», a-t-il ajouté.

La station Quds, dont les programmes sont principalement destinés aux enfants, a elle aussi été fermée.

«À 3h du matin (20h, heure de Montréal), l'armée israélienne est entrée dans les bureaux de la station et a pris tout le matériel de diffusion», a indiqué à l'AFP Haroun Abou Arra, le directeur de la chaîne.

Une porte-parole militaire israélienne a indiqué à l'AFP que «des soldats de l'armée israélienne avaient accompagné une opération du ministère des Communications pour fermer deux télévisions pirates à Ramallah», faisant état de la confiscation de plusieurs émetteurs.

«Ces chaînes interrompent significativement la diffusion d'autres chaînes légales et perturbent les communications aériennes», a-t-elle affirmé, ajoutant que le ministère israélien des Communications avait adressé en vain de «multiples demandes aux deux chaînes».

Le ministre palestinien des Télécommunications Machhour Abou Daqqa a catégoriquement démenti que ces chaînes aient émis illégalement ou que l'Autorité palestinienne ait été informée d'un problème de ce type.

«S'il y a un problème, nous avons une commission de coordination israélo-palestinienne, dans laquelle nous discutons régulièrement des problèmes de fréquences. Nous n'avons été saisis de rien via cette commission», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Ces deux chaînes sont inscrites à l'Union internationale des télécommunications et émettent sur des fréquences qui nous appartiennent», a-t-il assuré, jugeant impossible qu'elles puissent gêner les communications aériennes en raison de leur distance de l'aéroport israélien Ben Gourion à Tel-Aviv.

Des journalistes ont appelé à une manifestation de protestation en fin de matinée sur la place centrale de Ramallah.