Un tribunal pakistanais a condamné les trois veuves d'Oussama Ben Laden et deux de ses filles à 45 jours de prison pour séjour illégal au Pakistan, et a ordonné leur expulsion du territoire une fois leur peine purgée, a annoncé leur avocat lundi.

Puisqu'elles ont déjà passé du temps en prison avant que la peine ne leur soit imposée, les trois femmes et plusieurs de leurs enfants quitteront le Pakistan dès ce mois-ci, a précisé l'avocat Mohammed Amir Khalil. Elles sont détenues depuis le raid américain qui a mené à la mort de Ben Laden le 2 mai 2011 à Abottabad, mais ce n'est que le mois dernier qu'elles ont été formellement inculpées pour des infractions aux lois sur l'immigration.

Les trois femmes pourraient détenir des informations sur la façon dont le chef terroriste a réussi à ne pas se faire repérer pendant près de 10 ans après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, même s'il était l'un des hommes les plus recherchés de la planète.

La plus jeune des trois femmes du chef d'Al-Qaïda, la Yéménite Amal Ahmed Abdel-Fatah al-Sada, âgée de 30 ans, a déclaré aux enquêteurs que pendant sa cavale au Pakistan, Ben Laden avait vécu dans cinq maisons et eu quatre enfants, dont deux sont nés dans des hôpitaux publics.

Les autorités pakistanaises ont affirmé qu'elles ne savaient pas qu'Oussama ben Laden se trouvait à Abbottabad, ce que certains responsables américains ont du mal à croire puisque sa maison était située tout près d'une importante académie militaire. Les autorités américaines n'ont trouvé aucune preuve montrant que les autorités pakistanaises savaient où se trouvait Ben Laden, mais pensent qu'il devait bénéficier d'une sorte de réseau de soutien.

Les deux autres veuves du chef d'Al-Qaïda sont originaires d'Arabie saoudite. Selon Me Khalil, le Yémen a accepté le retour d'Amal al-Sada, mais il a précisé être en discussions avec les autorités saoudiennes pour permettre le retour des deux autres veuves.

L'Arabie saoudite a déchu Oussama ben Laden de sa citoyenneté saoudienne en 1994 à cause de ses attaques verbales contre la monarchie au pouvoir.

Amal al-Sada est heureuse de pouvoir rentrer chez elle, selon son frère, Zakaria al-Sada, qui a fait campagne pour sa libération. Le Yémen a délivré des passeports à ses cinq enfants pour qu'ils puissent rentrer au pays avec elle, a-t-il précisé.

«Ce verdict est une victoire pour les opprimés après des temps difficiles», a déclaré M. Al-Sada.

Un membre de la famille Ben Laden en Arabie saoudite a déclaré, sous le couvert de l'anonymat, que la famille avait discuté de la situation avec les autorités du royaume, qui se seraient dites prêtes à permettre le retour des veuves et à délivrer des passeports pour leurs enfants, si nécessaire. Mais la famille, riche et bien connue en Arabie saoudite, n'a pas décidé d'intervenir en faveur des veuves, a précisé ce proche.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a refusé de commenter l'information.

Les trois veuves et deux de leurs filles ont aussi été condamnées à payer une amende d'environ 110 $ US chacune, ce qui a déjà été fait, selon Me Khalil. L'avocat a précisé qu'il n'avait pas l'intention d'interjeter appel.

Les trois veuves aimeraient être déportées dans le même pays pour continuer de vivre «comme une famille», a précisé Me Khalil.

Contacté à ce sujet, un responsable du ministère yéménite des Affaires étrangères a indiqué que son pays n'avait pas reçu de demande de résidence pour les deux veuves saoudiennes.

Amal al-Sada a déclaré aux enquêteurs qu'elle avait quitté le Pakistan pour l'Afghanistan en 2000, où elle s'est mariée avec Oussama ben Laden, avant les attentats du 11 septembre 2001. La famille s'est ensuite «éparpillée» et elle s'est rendue à Karachi, au Pakistan. Elle a ensuite retrouvé Ben Laden à Peshawar et ils ont déménagé dans la vallée de Swat, où la famille vivait dans deux maisons. Ils ont déménagé une autre fois avant de s'installer à Abbottabad en 2005.

Amal al-Sada, qui aurait été l'épouse préférée du chef terroriste, a été atteinte à la jambe durant le raid des forces spéciales américaines en mai 2011.

L'enceinte dans laquelle vivait la famille à Abbottabad comptait 28 résidants: Oussama Ben Laden, ses trois femmes, huit enfants et cinq petits-enfants, selon le brigadier Shaukat Qadir, un militaire pakistanais à la retraite qui a passé des mois à traquer le chef d'Al-Qaïda et qui a eu accès aux rapports d'interrogatoire.

Oussama ben Laden, âgé de 54 ans au moment de sa mort, avait des enfants âgés de trois à 20 ans environ. Son fils aîné, Khaled, a été tué lors du raid à Abbottabad, d'après M. Qadir.