(Genève) Une délégation de talibans s’est engagée jeudi à assurer la protection des travailleurs humanitaires en Afghanistan, y compris des femmes, et à favoriser l’éducation, a annoncé vendredi l’ONG qui les a invités à Genève.  

La délégation, qui est dirigée par le ministre de la Santé, Qalander Ebad, a été invitée par l’ONG Appel de Genève, qui cherche à renforcer l’application du droit international humanitaire et la protection des civils dans les zones de conflit et qui est active depuis de nombreuses années en Afghanistan.  

Elle rencontre depuis lundi diplomates suisses et organisations humanitaires.

L’émirat islamique d’Afghanistan (IEA) a signé une déclaration dans laquelle il s’engage à « faciliter une action humanitaire […] en Afghanistan et à assurer la protection des travailleurs humanitaires », a fait savoir l’Appel de Genève dans un communiqué.

La délégation s’est également engagée à « promouvoir […] la protection des infrastructures de santé, de transport ainsi que leur personnel, y compris les femmes », selon le communiqué.  

Les talibans ont promis de « promouvoir la protection du patrimoine environnemental et culturel » et de « protéger tous les Afghans » en facilitant notamment « la poursuite de leur éducation », a noté l’ONG.  

Cette négociation avec les talibans représente « un pas vers une protection renforcée des civils en Afghanistan », s’est réjoui l’Appel de Genève, sans préciser toutefois si un suivi de ces engagements allait être assuré.  

Jeudi, les talibans ont réclamé un dialogue direct avec la communauté internationale — qui ne reconnaît pas officiellement le régime — pour fournir l’aide humanitaire dont l’Afghanistan a cruellement besoin.

Ils ont aussi appelé « la communauté internationale à apporter son soutien à ses organisations qui travaillent sous l’égide de la Charte humanitaire pour qu’elles fournissent une assistance non politique, neutre et indépendante aux Afghans ».

La diplomatie suisse a souligné que cette visite « ne constitue pas une légitimation, ni une reconnaissance » du régime des talibans.

Depuis la prise de pouvoir des talibans, après le départ des forces américaines qui tenaient le gouvernement à bout de bras, une terrible crise économique et financière menace de famine plus de la moitié de la population du pays.  

L’ONU plaide depuis des mois pour un allègement des sanctions infligées à Kaboul depuis août 2021 pour éviter l’effondrement du pays.  

La communauté internationale est particulièrement choquée par le sort réservé aux filles et aux femmes, annulant les progrès faits pendant 20 ans après que les talibans ont été chassés par les Américains fin 2001.