(Damas) Le chef de la diplomatie saoudienne Fayçal ben Farhane a effectué mardi une visite inédite à Damas où il a été reçu par le président Bachar al-Assad, consacrant la réconciliation entre la monarchie pétrolière et la Syrie.

Cette visite, la première d’un responsable saoudien en Syrie depuis la guerre en 2011, intervient dans le sillage du rapprochement entre son pays et l’Iran, grand allié du président syrien.

Le président Assad a salué dans ce cadre « les politiques d’ouverture et réalistes » de l’Arabie saoudite, qui « servent les intérêts des pays arabes et de la région », selon un communiqué de la présidence syrienne. Il a également estimé que les relations « saines » entre la Syrie et le royaume étaient « naturelles ».  

La visite du ministre saoudien intervient une semaine après celle de son homologue syrien Fayçal Moqdad en Arabie saoudite, la première également depuis le début de la guerre.

Damas était isolé sur le plan diplomatique depuis la répression en 2011 du soulèvement populaire ayant dégénéré en conflit.

L’Arabie saoudite, chef de file des pays du Golfe, avait rompu ses relations en 2012 avec Damas et même soutenu des rebelles au début de la guerre, dans un pays devenu un terrain d’affrontement entre forces étrangères.  

Mais après le séisme dévastateur de février en Turquie et en Syrie, le royaume avait fait un premier geste en envoyant de l’aide humanitaire.

En mars, la Syrie et l’Arabie saoudite avaient eu des discussions sur une reprise de leurs services consulaires.  

Lors de leur rencontre mardi, MM. Assad et ben Farhane ont évoqué « les efforts pour parvenir à une solution politique de la crise syrienne », a affirmé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Retour des réfugiés

Fayçal ben Farhane a également affirmé à M. Assad qu’il était important de « créer les conditions appropriées » pour « un retour des réfugiés et déplacés » dans leurs foyers.

La guerre en Syrie a fait environ un demi-million de morts. Près de la moitié des Syriens sont désormais des réfugiés ou des déplacés à l’intérieur de leur pays, et des pans du territoire échappent encore au contrôle du gouvernement.  

Bachar al-Assad mise sur une pleine normalisation avec les riches monarchies du Golfe pour financer la reconstruction de son pays aux infrastructures ravagées par la guerre.  

Il a souligné mardi que « le rôle fraternel arabe est indispensable pour aider le peuple syrien à surmonter les conséquences de la guerre ».

La réconciliation syro-saoudienne intervient dans un contexte d’apaisement des tensions du royaume avec son grand rival régional, l’Iran, qui soutient politiquement, militairement et économiquement le régime de Damas.

Les deux poids lourds du Moyen-Orient, qui avaient rompu leurs liens en 2016, ont conclu en mars un accord inattendu, négocié par la Chine, en vue d’une reprise de leurs relations.

Ils se sont engagés à œuvrer ensemble pour « la sécurité et la stabilité de la région ».

Divergences

Dans une interview en mars, M. Assad avait affirmé que l’essentiel, pour lui, était de rétablir « de bonnes relations bilatérales » avec les pays arabes, avant un éventuel retour au sein de la Ligue arabe de la Syrie (dont elle a été suspendue en 2012), une question qui divise encore au sein de cette organisation.

Une réunion à ce sujet s’est tenue le 14 avril en Arabie saoudite entre neuf pays arabes, dont ceux du Conseil de coopération du Golfe.

Mais aucune décision n’a été prise lors de cette réunion, alors que le prochain sommet arabe est prévu le 19 mai dans le royaume.

Le Qatar, qui a soutenu l’opposition syrienne, reste en effet hostile à une normalisation avec Bachar al-Assad, alors que d’autres pays comme les Émirats arabes unis ont normalisé leurs relations avec Damas.

Autre signe du rapprochement de la Syrie avec d’autres pays arabes, le ministre syrien des Affaires étrangères s’est rendu ces derniers jours en Algérie puis en Tunisie, où il a été reçu mardi par le président Kais Saied.