(Ramallah) Plus de 200 personnalités palestiniennes ont critiqué le président palestinien Mahmoud Abbas pour ses propos « répréhensibles » selon lesquels les Juifs ont été assassinés pendant la Shoah en raison de leur « rôle social » et non de leur religion.

Dans une lettre ouverte disponible en ligne, ces personnalités « condamnent sans équivoque les commentaires moralement et politiquement répréhensibles » de M. Abbas.  

Parmi les signataires figurent Rashida Tlaib, membre démocrate du Congrès des États-Unis, l’historien Rashid Khalidi et la juriste Noura Erakat, trois figures américaines d’origine palestinienne très critiques d’Israël.

« Nous rejetons catégoriquement toute tentative de minimiser, de déformer ou de justifier l’antisémitisme, les crimes nazis contre l’humanité ou le révisionnisme historique vis-à-vis de la Shoah », ont-ils écrit.  

Cette lettre fait suite à la diffusion le 6 septembre d’une vidéo dans laquelle M. Abbas déclare devant la direction de son parti, le Fatah, à Ramallah en Cisjordanie : « Ils disent que Hitler a tué les Juifs parce qu’ils étaient Juifs et que l’Europe haïssait les Juifs parce qu’ils étaient Juifs. [Mais ce n’est] pas vrai. »

« Cela a été très bien expliqué : [les Européens s’en sont pris aux Juifs] à cause de leur rôle social et non à cause de leur religion. À cause de l’usure et de l’argent », ajoute-t-il lors de la même allocution.  

Ces propos ont été sévèrement condamnés par Israël, l’Union européenne et les États-Unis.

M. Abbas « ne nous représente pas légitimement […] ce n’est pas son rôle de donner des leçons d’histoire », a déclaré mercredi à l’AFP l’un des signataires de la lettre, l’homme d’affaires palestinien Sam Bahour, estimant que les propos de M. Abbas étaient « déplacés ».

Mais le Fatah a cherché à défendre son chef, qualifiant la lettre de « déclaration de la honte » dans des commentaires publiés par l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.  

Le Conseil national palestinien, organe législatif, a qualifié la lettre de « terrorisme politique et intellectuel contre notre peuple », selon Wafa.

Qualifiant lui aussi la lettre ouverte de « déclaration honteuse », le ministre de la Culture de l’Autorité palestinienne, Atef Abou Saïf, a estimé mercredi sur Facebook que les propos de M. Abbas « reflètent une lecture de l’Histoire courante dans la littérature et les écrits historiques ».  

Âgé de 87 ans et à son poste depuis plus de 18 ans, M. Abbas a tenu à plusieurs reprises des propos similaires relativisant la Shoah, mot signifiant « cataclysme » en hébreu et désignant l’extermination de six millions de Juifs par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.