(Londres) La fille d’un militant bahreïni défenseur des droits de la personne emprisonné dans son pays depuis des années a affirmé vendredi avoir été empêchée d’embarquer à bord d’un avion en partance de Londres pour Bahreïn où elle souhaitait se rendre pour soutenir son père.

Maryam al-Khawaja s’inquiète de la santé de son père, Abdulhadi al-Khawaja, qui a repris, selon elle, une grève de la faim pour protester contre son manque d’accès à des soins médicaux.

Abdulhadi al-Khawaja, 62 ans, a été condamné à la prison à vie en 2011 pour avoir participé à des manifestations contre le gouvernement.

« Nous avons essayé de nous enregistrer au comptoir BA (British Airways) et on nous a dit que nous n’étions pas autorisés à monter à bord », a affirmé Maryam al-Khawaja sur X (ex-Twitter).

« Bien que je sois une citoyenne bahreïnie on m’a dit que je devais parler à l’immigration bahreïnie si je voulais avoir une carte d’embarquement pour Bahreïn », a-t-elle ajouté.

Sollicitée par l’AFP, British Airways a indiqué que « toutes les compagnies aériennes sont légalement tenues de se conformer aux lois sur le contrôle de l’immigration et aux conditions d’entrée pour les clients fixées par chaque pays ».

La jeune femme, également citoyenne danoise, avait déclaré à l’AFP qu’elle s’attendait à être arrêtée à son arrivée à Bahreïn, où elle a été reconnue coupable par contumace d’agression contre la police, une accusation qu’elle dément.

Elle est également visée par quatre autres affaires encore en cours.

Vendredi, elle voyageait avec un groupe d’autres militants, dont la secrétaire générale d’Amnistie internationale Agnès Callamard, et Olive Moore, directrice par intérim de l’ONG Front Line Defenders.

« Les membres de notre délégation (de défense des) droits humains se sont tous vu empêcher d’embarquer », a indiqué Agnès Callamard sur X. Amnistie internationale a appelé, sur le même réseau social, Bahreïn à « libérer le père de Maryam de prison maintenant ».

« Le Royaume de Bahreïn accueille tous les visiteurs, à condition qu’ils remplissent les conditions nécessaires d’entrée » sur le territoire, a réagi un porte-parole du gouvernement.

« Toutefois, comme n’importe quel pays, Bahreïn se réserve le droit de refuser l’entrée s’il le juge nécessaire », a-t-il ajouté.

Bahreïn a emprisonné des centaines d’opposants depuis la répression en 2011 d’un mouvement de contestation mené essentiellement par des chiites réclamant des réformes au pouvoir sunnite.

La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de la personne du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Mary Lawlor, s’est dite dans un communiqué « extrêmement inquiète de la détérioration de l’état de santé » d’Abdulhadi al-Khawaja et de deux autres détenus, évoquant « une négligence médicale et un manque de soins adéquats ».