(Riyad) Les rebelles houthis à Riyad pour des pourparlers sans précédent depuis le début de la guerre au Yémen en 2014 espèrent des progrès pour mettre fin au conflit dans leur pays où l’Arabie saoudite dirige une coalition en soutien au gouvernement.  

Riyad a confirmé jeudi la présence dans la capitale de négociateurs représentant les rebelles houthis soutenus par l’Iran, une première depuis le début de la guerre au Yémen qui a fait des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé ce pays dans l’une des pires crises humanitaires du monde, selon l’ONU.

Les rebelles contrôlent de larges pans du pays, y compris la capitale Sanaa, et les violences ont largement diminué depuis une trêve négociée par l’ONU en avril 2022, qui a expiré en octobre dernier, mais reste à peu près respectée.

La visite à Riyad de la délégation de rebelles houthis n’est pas la première rencontre entre les deux parties. Des responsables saoudiens s’étaient rendus à Sanaa il y a cinq mois à la faveur de la trêve.

La présence des rebelles à Riyad survient aussi plusieurs mois après un réchauffement des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui étaient à couteaux tirés pendant des années sur différents dossiers.

« Nous espérons un dialogue sérieux pour le bien des deux peuples et il nous faut relever les défis » de la paix, a déclaré l’un des hauts dirigeants des rebelles yéménites, Mohammed Ali al-Houthi.

« On ne peut dialoguer qu’avec la coalition qui peut prendre la décision de mettre fin à l’agression », a-t-il écrit vendredi sur X.

Les négociations à Riyad, à la faveur d’une médiation d’Oman, vont porter sur des questions concrètes, a-t-il précisé. Il s’agit selon lui de payer les arriérés de salaires des fonctionnaires qui sont passés sous administration des rebelles, de la libération de « tous les prisonniers », du « retrait des forces étrangères » du pays et de la reconstruction en prévision d’une solution politique du conflit.

Pour illustrer l’ampleur la crise qui affecte les Yéménites, des agences de l’ONU et des dizaines d’ONG yéménites et internationales ont affirmé jeudi que 21,6 millions de personnes, soit 75 % de la population, avaient besoin d’une aide humanitaire.

« Solution politique »

Les États-Unis, alliés de l’Arabie saoudite, se sont félicités vendredi de la visite de la délégation de houthis et ont déclaré que la désescalade et la fin de la guerre au Yémen étaient l’une des « principales priorités de la politique étrangère » du président Joe Biden.

« Nous appelons toutes les parties prenantes à ce terrible conflit à consolider et à étendre les avantages de la trêve qui a apporté un peu de paix au peuple yéménite, et à mettre un terme à cette guerre », a déclaré le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, dans un communiqué.

Selon une source au sein du gouvernement yéménite en exil, soutenu par l’Arabie saoudite, les discussions doivent aussi porter sur l’ouverture de nouvelles liaisons aériennes civiles à partir de l’aéroport de Sanaa, sous contrôle des rebelles.

Longtemps fermé en raison d’un blocus aérien imposé par l’Arabie saoudite dirigeant une coalition militaire qui intervient contre les houthis, l’aéroport a repris l’an passé des vols en direction de la Jordanie et de l’Égypte.

Le gouvernement yéménite en exil s’est dit ouvert, dans un communiqué publié vendredi, à « toute initiative de nature à apporter la paix et une solution globale au conflit ».

Aucun représentant de ce gouvernement n’a été invité pour le moment à participer aux négociations entre les Saoudiens et les rebelles yéménites avec les Omanais dans le rôle de médiateurs.

Voisin du Yémen et de l’Arabie saoudite, le Sultanat d’Oman a adopté une position de neutralité sur ce conflit, ce qui lui permet de jouer un rôle actif de médiateur.