(Ottawa) Lueur d’espoir pour les quelque 150 Canadiens coincés à Gaza : une brève fenêtre d’évacuation pourrait s’ouvrir ce samedi midi, alors qu’un passage vers l’Égypte serait accessible pendant cinq heures.

Alors que le spectre d’une offensive militaire de l’État hébreu, qui a juré d’« éradiquer » le Hamas, se fait de plus en plus insistant, le gouvernement canadien a évoqué, vendredi, une possible évacuation par le sud de la bande de Gaza.

« Nous avons appris ce matin qu’une opportunité pourrait se présenter demain [samedi] de traverser vers l’Égypte par le poste frontalier de Rafah entre midi et 17 h », a indiqué vendredi Julie Sunday, sous-ministre adjointe des services consulaires, lors d’une séance d’information technique.

« Nous sommes en contact étroit avec les autorités égyptiennes et israéliennes afin de nous assurer que les citoyens et résidents canadiens et les membres de leur famille puissent quitter [la bande de Gaza] », a-t-elle ajouté, pesant soigneusement ses mots.

Car le gouvernement canadien n’a encore obtenu aucune garantie que le droit de passage sera accordé, a noté Mme Sunday. « Nous sommes réalistes, nous savons que nous ne pouvons donner qu’un bref préavis à ces gens. L’échéance sera très serrée », a-t-elle affirmé.

D’autant que le « siège total » imposé par les forces armées israéliennes complique la logistique, a-t-elle aussi relevé : « Nous sommes confrontés à des défis croissants pour communiquer avec les Canadiens dans la bande de Gaza, puisqu’il n’y a plus d’électricité et que les télécommunications sont affectées. »

Les Canadiens qui voudraient être évacués sont malgré tout priés d’attendre avant de migrer vers le sud de Gaza, afin d’éviter de rester bloqués à la frontière. La partie méridionale de l’enclave risque d’être bondée, Israël ayant ordonné vendredi l’évacuation vers le sud de tous les civils de la ville de Gaza.

Du côté de la Cisjordanie, environ 190 ressortissants ont demandé une assistance. Dans leur cas, Ottawa veut procéder à l’évacuation par autobus, vers la Jordanie. Les détails de cette opération devraient suivre au cours des prochains jours.

Enfin, les autorités canadiennes surveillent ce qui se passe au Liban, où la situation est également volatile.

« Nous sommes très conscients du grand nombre de citoyens et de résidents permanents canadiens qui sont au Liban », a souligné la sous-ministre adjointe Sunday. Elle a exhorté les Canadiens à éviter tout voyage non essentiel au pays du Cèdre, comme Ottawa le recommande désormais.

Près de 500 personnes évacuées

La mission d’évacuation des Canadiens se trouvant en Israël, quant à elle, se poursuit, même si elle ne se fait pas sans heurts : depuis jeudi, près de 500 personnes sont montées à bord de l’un des quatre avions des Forces armées canadiennes ayant effectué la liaison entre les aéroports de Tel-Aviv et d’Athènes.

Les demandes d’assistance consulaire ont bondi dans la soirée de jeudi : 600 personnes de plus ont sollicité l’aide d’Ottawa pour être évacuées, ce qui porte à environ 2200 le nombre de citoyens et de résidents permanents canadiens en Israël, à Gaza et en Cisjordanie.

Pendant ce temps, les options de voyage se réduisent : Air Canada a annoncé vendredi l’annulation de ses vols directs à destination et en provenance de Tel-Aviv jusqu’à la fin octobre. De nombreux transporteurs, dont British Airways, Air France et Lufthansa, ont également suspendu leurs liaisons vers Israël.

Mélanie Joly en Israël

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a fait une visite éclair en Israël, vendredi, pour observer la situation et réaffirmer « le soutien du Canada à Israël et à son droit de se défendre conformément au droit international ».

Sa visite dans la région survient après celles de certains de ses homologues du G7. Parmi eux, le Britannique James Cleverly a été forcé de se réfugier en vitesse dans un abri durant sa visite en Israël, les sirènes d’alerte de raid aérien ayant retenti.

« Mes pensées vont à tous les civils touchés par l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, qui a également touché des communautés au Canada et dans le monde entier », a déclaré Mme Joly dans un communiqué. Son voyage prévoit des arrêts en Jordanie et à l’aéroport d’Athènes, en Grèce.

Les violences ont fait trois victimes canadiennes, tandis que quatre personnes manquent toujours à l’appel. Le gouvernement Trudeau refuse de confirmer s’il s’agit d’otages, mais a envoyé une équipe d’experts afin d’appuyer le négociateur en chef d’Israël pour la libération des otages.

Avec La Presse Canadienne