Des Palestiniens blessés et des ressortissants étrangers ou binationaux ont pu être évacués de la bande de Gaza pour la première fois depuis le début de la guerre, et tout indique que des Canadiens suivront ces jours-ci. Comme la veille, Israël a frappé le camp de réfugiés de Jabaliya, amenant l’ONU à avancer que ces attaques « pourraient être des crimes de guerre ».

Ce qu’il faut savoir

Pour la première fois depuis le début de la guerre, des Palestiniens blessés et des étrangers ont pu être évacués de Gaza.

Ottawa croit que des Canadiens suivront au cours des prochains jours.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme avance que les attaques d’Israël contre le camp de réfugiés de Jabaliya – où s’entassent 116 000 réfugiés au nord de Gaza – « pourraient être des crimes de guerre ».

« Nous avons bon espoir que, dans les jours à venir, des Canadiens [coincés dans la bande de Gaza] pourront eux aussi être évacués », a déclaré mercredi Rob Oliphant, secrétaire parlementaire de Mélanie Joly, la ministre canadienne des Affaires étrangères.

Affaires mondiales Canada s’est dit au fait d’informations voulant qu’un citoyen canadien « aurait traversé la frontière de Rafah avec un tiers », mais refuse d’en dire davantage pour des raisons de confidentialité.

Au total, environ 400 Canadiens seraient encore dans la bande de Gaza. « Nous travaillons de très près avec Israël, l’Égypte, le Qatar et avec d’autres pays pour nous assurer que les Canadiens puissent sortir », a ajouté M. Oliphant.

PHOTO IBRAHEEM ABU MUSTAFA, REUTERS

Des travailleurs médicaux attendent de pouvoir entrer dans la bande de Gaza à partir de l’Égypte pour y récupérer des blessés, au poste-frontière de Rafah.

Différents chiffres ont circulé mercredi quant au nombre de personnes évacuées. Les autorités égyptiennes ont parlé de 76 blessés palestiniens et de 335 étrangers et binationaux. Durant cette première phase d’évacuation, avance-t-on, 88 blessés et 500 étrangers pourront sortir de Gaza ces jours-ci.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit « atterré » mercredi par les bombardements sur le camp très densément peuplé de Jabaliya où les attaques de mercredi auraient fait, selon le bilan palestinien, non vérifiable, quelques dizaines de morts.

PHOTO SAMAR ABU ELOUF, THE NEW YORK TIMES

Des personnes attendent de passer en Égypte à partir du poste-frontière de Rafah.

« De jeunes enfants sont arrivés à l’hôpital avec des blessures profondes et de graves brûlures. Nombreux parmi eux étaient seuls, séparés de leur famille. Beaucoup criaient et réclamaient leurs parents », a témoigné Mohammed Hawajreh, infirmier de Médecins sans frontières, sur X.

De possibles crimes de guerre, selon l’ONU

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a déclaré mercredi que « compte tenu du nombre élevé de victimes civiles et de l’ampleur des destructions consécutives aux frappes aériennes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabaliya, nous craignons sérieusement qu’il s’agisse d’attaques disproportionnées qui pourraient être des crimes de guerre ».

PHOTO ABED KHALED, ASSOCIATED PRESS

Scène de destruction au camp de réfugiés de Jabaliya, frappé de nouveau mercredi par l’armée israélienne

Israël a dit mardi avoir visé un commandant du Hamas, Ibrahim Biari, qu’il considère comme l’un des principaux responsables du massacre du 7 octobre.

Il reviendra à la Cour pénale internationale d’en décider. De façon générale, elle considère comme un crime de guerre le fait de « lancer une attaque délibérée en sachant qu’elle causera […] des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel qui seraient manifestement excessifs par rapport à l’ensemble de l’avantage militaire concret et direct attendu ».

PHOTO ABED KHALED, ASSOCIATED PRESS

Fillette palestienne extirpée des décombres au camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza

En temps de guerre, des attaques militaires peuvent être lancées même en sachant que des civils peuvent être touchés. Mais si ces attaques sont disproportionnées ou qu’elles sont dirigées délibérément contre la population, elles peuvent être considérées comme un crime de guerre.

Washington critiqué par un ancien haut responsable

À Radio-Canada, mardi, Josh Paul, qui a démissionné il y a deux semaines de son poste de directeur du bureau militaire du département d’État américain, a dit qu’il ne pouvait plus accepter l’abandon « des lignes directrices habituelles » lors de « transferts d’armes à un pays ».

« Durant toutes mes années au département d’État [11 ans de carrière], ça n’a jamais été notre objectif de fournir des armes létales à un pays en sachant qu’elles allaient servir à tuer de façon massive des populations. »

Jusqu’ici, la règle était que « s’il y avait plus de chances que l’utilisation des armes américaines conduise à des violations des droits de la personne, alors le transfert ne serait pas autorisé. Dans le conflit entre Israël et le Hamas, il y a violation des droits de la personne, mais cette politique a été mise de côté ».

Si d’autres camions transportant des biens de première nécessité ont continué d’entrer, la situation est dramatique dans les hôpitaux. Mohammed Abu Selmeya, le directeur de l’hôpital al-Shifa à Gaza, le plus grand du territoire, a lancé un « dernier appel concernant l’arrêt du générateur principal », faute de carburant. « Si ce générateur s’arrête, la prochaine annonce sera la mort de bébés dans les incubateurs, la mort des patients sous respirateurs, la mort des patients dans les soins intensifs et les salles d’opération. »

Un hôpital spécialisé dans le traitement du cancer financé par la Turquie et situé à Gaza est désormais hors service en raison du manque de carburant et des dégâts causés par les frappes aériennes, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Des violences « déstabilisatrices » d’Israël en Cisjordanie

Washington a déclaré mercredi que les violences commises par des colons israéliens à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie occupée étaient « incroyablement déstabilisatrices ».

PHOTO MOSAB SHAWER, AGENCE FRANCE-PRESSE

Palestiniens manifestant mercredi à Hébron, en Cisjordanie occupée

Le département d’État a exhorté Israël à endiguer ces violences. « Nous leur avons envoyé un message très clair : c’est inacceptable, cela doit cesser et les responsables doivent rendre des comptes », a déclaré Matthew Miller, porte-parole du département d’État.

Depuis le 7 octobre, 125 Palestiniens auraient été tués en Cisjordanie occupée par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon le ministère palestinien de la Santé, un bilan qu’il n’a pas été possible de vérifier de façon indépendante.

16 jeunes soldats israéliens tués mardi

Israël a par ailleurs annoncé que 16 soldats avaient été tués mardi. Leurs noms et leurs photos ont été publiés. Ils avaient pour la plupart 20 ou 21 ans, le plus âgé ayant 24 ans.

Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, a regretté ces lourdes pertes, mais a dit qu’Israël était prêt à une opération longue et complexe.

Le Hamas a le choix entre « mourir ou se rendre sans condition », a-t-il déclaré.

Avec Mélanie Marquis, La Presse, et l’Agence France-Presse