Le chef du Hezbollah brandit la menace d’un embrasement régional, tandis que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, plaide pour une « solution à deux États »

Ce qu’il faut savoir

Dans sa première apparition télévisée depuis les attaques du Hamas du 7 octobre, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a laissé planer une possible « guerre totale ».

En visite à Tel-Aviv, Antony Blinken a affirmé que « le seul moyen d’assurer » la sécurité d’Israël est de créer un État palestinien.

Des frappes israéliennes près d’un hôpital et d’une école de la bande de Gaza ont fait des dizaines de morts, côté palestinien.

  • Une femme et des enfants pleurent les victimes d’une frappe à Khan Younès.

    PHOTO MOHAMMED SALEM, REUTERS

    Une femme et des enfants pleurent les victimes d’une frappe à Khan Younès.

  • La bande de Gaza, vue de Sdérot, dans le sud d’Israël

    PHOTO JACK GUEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

    La bande de Gaza, vue de Sdérot, dans le sud d’Israël

  • Un enfant blessé est pris en charge dans un hôpital de Deir el-Balah, dans le sud de la bande de Gaza.

    PHOTO HATEM MOUSSA, ASSOCIATED PRESS

    Un enfant blessé est pris en charge dans un hôpital de Deir el-Balah, dans le sud de la bande de Gaza.

  • Funérailles d’un journaliste palestinien, Mohammed Abu Hatab, tué par une frappe israélienne sur Khan Younès

    PHOTO MOHAMMED SALEM, REUTERS

    Funérailles d’un journaliste palestinien, Mohammed Abu Hatab, tué par une frappe israélienne sur Khan Younès

  • Vue aérienne d’un immeuble complètement détruit par une frappe, à Maghazi

    PHOTO MOHAMMED FAYQ ABU MOSTAFA, REUTERS

    Vue aérienne d’un immeuble complètement détruit par une frappe, à Maghazi

  • Des véhicules de l’armée israélienne roulent près de la frontière de la bande de Gaza.

    PHOTO AMIR COHEN, REUTERS

    Des véhicules de l’armée israélienne roulent près de la frontière de la bande de Gaza.

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La perspective d’une « guerre totale est réaliste. »

Dans un discours aussi redouté qu’attendu, le chef du Hezbollah libanais a déclaré vendredi que le conflit entre Israël et le Hamas pourrait s’étendre à toute la région si l’armée israélienne ne cessait pas ses attaques sur la bande de Gaza, évitant par ailleurs de déclarer officiellement la guerre à son voisin.

C’était la première apparition télévisée d’Hassan Nasrallah depuis l’attaque du Hamas en territoire israélien, le 7 octobre. Rendant hommage aux martyrs qui sont morts pour la cause palestinienne, le chef du Hezbollah n’a pas écarté la possibilité d’un élargissement du conflit, soulignant par ailleurs que « toutes les options » étaient sur la table concernant le front libanais avec Israël.

Saluant la bataille « héroïque » du Hamas à Gaza, Hassan Nasrallah a également accusé Washington d’être « entièrement responsable de la guerre en cours ». Il a laissé entendre que son mouvement ne craignait pas la flotte américaine stationnée au large d’Israël, mais estimé que les États-Unis pouvaient « empêcher une guerre régionale » en arrêtant la guerre à Gaza.

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Des gens écoutent le discours du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, à Téhéran, en Iran.

Depuis le début du conflit, le Hezbollah libanais, financé par l’Iran, multiplie les attaques en territoire israélien, sans pour autant entrer de plain-pied dans le conflit. Les nouvelles menaces de son chef semblent s’inscrire dans cette logique, estime Benjamin Toubol, doctorant en sciences politiques à l’Université Laval.

« Objectivement, il n’y a rien de nouveau. C’est le même discours qu’on entend de la part de Nasrallah depuis des années. Ça confirme que le Hezbollah ne veut pas s’engager dans une guerre ouverte. On est plutôt dans une logique de harcèlement qui essaie de détourner la concentration militaire israélienne qui se trouve dans le sud à Gaza. »

Bien que belliqueux, le discours de Hassan Nasrallah relevait avant tout de la rhétorique, juge l’expert. « Ce que je perçois, c’est qu’il sert surtout à ressouder l’opinion traditionnellement pro-Hezbollah en disant : “Regardez, on a les choses en main.” Mais pour l’instant, ce ne sont que des mots. Je pense que c’était uniquement politique. »

Pour une solution à deux États

Washington a réagi vendredi en avertissant le Hezbollah qu’il ne devait pas « chercher à profiter » de la guerre entre Israël et le Hamas, au moment où le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, était en visite à Tel-Aviv.

Ce dernier a plaidé auprès de Benyamin Nétanyahou pour des « pauses humanitaires » dans le conflit, afin de protéger les civils palestiniens et d’augmenter la distribution de l’aide. Mais le premier ministre israélien a dit refuser « une trêve temporaire » sans la libération des quelque 240 otages enlevés le 7 octobre par le Hamas.

Lors d’une conférence de presse, M. Blinken a par ailleurs répété que « le seul moyen d’assurer » la sécurité d’Israël était de créer un État palestinien.

« La meilleure voie, peut-être même la seule, est celle de deux États pour deux peuples », a déclaré le chef de la diplomatie américaine. « C’est le seul moyen d’assurer une sécurité durable » à Israël et « la seule façon de garantir que les Palestiniens réalisent leurs aspirations légitimes à un État qui leur soit propre », a-t-il ajouté.

M. Blinken doit rencontrer ce samedi les ministres des Affaires étrangères de Jordanie, d’Égypte, d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar, pour discuter des moyens d’« arrêter la guerre à Gaza », selon la diplomatie jordanienne.

D’autres frappes

Pendant ce temps, aucun signe d’accalmie sur le terrain.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé tôt samedi (heure locale) que 20 personnes avaient été tuées et des dizaines d’autres blessées dans une attaque « visant » une école du nord de la bande de Gaza.

PHOTO THOMAS WHITE, REUTERS

Une ambulance a été frappée vendredi par un tir d’Israël, devant l’hôpital al-Chifa de Gaza.

Vendredi, une frappe israélienne ayant touché une ambulance à l’entrée de l’hôpital al-Chifa, le plus grand de Gaza, a fait 15 morts et une soixantaine de blessés. L’État hébreu a confirmé avoir ciblé le véhicule, car utilisé selon lui « par une cellule terroriste du Hamas ». Enfin, au moins 14 Palestiniens ont perdu la vie dans un bombardement israélien alors qu’ils fuyaient le nord de la bande de Gaza en direction du sud du territoire.

L’ONU s’est par ailleurs alarmée que son drapeau ne permette plus de protéger les 600 000 Palestiniens ayant trouvé refuge dans ses installations. « Je crois qu’au dernier décompte, 38 personnes sont mortes dans nos abris », a déploré Thomas White, responsable de l’agence de l’ONU pour les réfugiés dans l’enclave palestinienne.

Ajoutant aux inquiétudes sur le sort des civils, Israël a commencé vendredi à renvoyer dans la bande de Gaza, malgré les bombardements, des milliers de travailleurs palestiniens qui étaient bloqués sur son sol depuis près d’un mois.

Selon le ministère égyptien de la Santé, 17 blessés et 448 étrangers, dont 96 enfants, ont cependant pu quitter Gaza vers l’Égypte vendredi, via le poste-frontière de Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire.

Selon un bilan publié vendredi par le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, plus de 9220 personnes, dont au moins 3826 enfants, ont été tuées dans les frappes israéliennes sur le territoire.

Israël a par ailleurs recommandé à ses ressortissants de ne pas voyager à l’étranger, évoquant « une augmentation significative de l’antisémitisme » dans le monde.

Avec Bruno Marcotte, La Presse, l’Agence France-Presse et The Guardian