Tandis que l’ONU décrit Gaza comme un « cimetière pour enfants », le conflit s’apprête à entrer dans une nouvelle phase. Les Canadiens, eux, attendent toujours leur ticket pour sortir de l’enclave.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dénoncé la situation dans la bande de Gaza, la comparant à un « cimetière pour les enfants », au moment où le ministère de la Santé du Hamas affirme que le bilan a franchi la barre des 10 000 victimes depuis le début du conflit, qui dure depuis maintenant un mois.

Ce qu’il faut savoir

De hauts responsables de l’ONU plaident pour un cessez-le-feu immédiat, tandis qu’on enregistre 10 000 morts chez les Palestiniens, selon le Hamas.

Après avoir coupé l’enclave en deux, l’armée israélienne s’apprêtait à entrer dans la ville de Gaza.

Le terminal de Rafah a été rouvert pour évacuer vers l’Égypte des blessés et des binationaux. Des ressortissants canadiens pourraient quitter la bande de Gaza ce mardi.

Le mouvement islamiste affirme que 10 022 personnes, en majorité des civils palestiniens – dont plus de 4000 enfants –, auraient été tuées dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza.

Indignés par le bilan « honteux » des victimes civiles, de hauts responsables de l’ONU ont appelé lundi à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » dans un rare communiqué commun, impliquant notamment l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la santé et le Programme alimentaire mondial.

Le cauchemar à Gaza est plus qu’une crise humanitaire, c’est une crise de l’humanité.

António Guterres, secrétaire général de l’ONU

M. Gutteres a aussi décrit l’enclave comme « un cimetière pour les enfants ».

La « catastrophe » provoquée par la guerre « rend la nécessité d’un cessez-le-feu humanitaire plus urgente à chaque heure qui passe », a par ailleurs plaidé M. Guterres, non sans condamner le Hamas pour son attaque barbare du 7 octobre en Israël, qui a fait quelque 1400 victimes chez les civils.

Le Conseil de sécurité de l’ONU, lui, n’est pas parvenu lundi à se mettre d’accord sur une déclaration commune. Malgré plus de deux heures de discussions à huis clos, des divergences subsistaient. Les États-Unis appellent à des « pauses humanitaires », tandis que de nombreux autres membres du Conseil exigent un « cessez-le-feu humanitaire ».

Quant au premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, il a rejeté une nouvelle fois l’idée d’un cessez-le-feu sans la libération des otages enlevés par le Hamas. Dans un entretien télévisé avec la chaîne américaine ABC News lundi soir, il a aussi affirmé qu’Israël prendra « pour une durée indéterminée la responsabilité générale de la sécurité » dans le territoire palestinien après la guerre. Car « lorsque nous n’avons pas cette responsabilité en matière de sécurité, nous assistons à l’éruption de la terreur du Hamas », a-t-il ajouté.

La bataille de Gaza imminente

Selon ce que rapportent les médias israéliens, l’armée israélienne s’apprêtait à entrer dans les prochaines heures dans la ville de Gaza, afin de poursuivre son combat contre les militants du Hamas, qui détiennent toujours quelque 240 otages.

PHOTO MOHAMMED AL-MASRI, REUTERS

Des colonnes de fumée s’élèvent dans le ciel de la ville de Gaza après des frappes israéliennes, lundi.

Après avoir isolé la partie nord de l’enclave, l’armée israélienne a déclaré avoir complètement encerclé la capitale, au terme d’une semaine de frappes aériennes intenses (450 cibles touchées dans la seule nuit de dimanche à lundi). « Aujourd’hui, il y a le nord de Gaza et le sud de Gaza », a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari aux journalistes, qualifiant cela d’« étape importante » dans la guerre menée par Israël contre le groupe militant palestinien qui dirige l’enclave.

Cette « étape » doit préparer le terrain pour une poussée attendue dans les tréfonds de la ville de Gaza, où les soldats du Hamas se battront sans doute rue par rue, en lançant des attaques à partir du vaste réseau de tunnels où ils se dissimulent.

Dans une entrevue au journal israélien Ha’Aretz relayée par le Courrier international, un officier israélien a résumé le défi que représentait une guerre urbaine contre un opposant moins équipé, mais avec une parfaite maîtrise du terrain : « Nous voyons à peine les terroristes. Ils sont sous terre et ne sortent que pour vous tendre une embuscade. »

Une porte de sortie, mais pas encore pour les Canadiens

Selon l’armée israélienne, un couloir à sens unique permettant aux habitants de Gaza de fuir vers le sud restait ouvert lundi pour les centaines de milliers de Palestiniens qui sont toujours dans la ville de Gaza et dans d’autres parties du nord.

PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Deux Palestiniens se consolent sur les débris d’un immeuble d’un camp de réfugiés situé près de la ville de Gaza.

De son côté, le Hamas a annoncé la réouverture du terminal de Rafah, qui relie Gaza à l’Égypte, pour permettre l’évacuation de blessés et de binationaux bloqués dans le petit territoire palestinien de 365 km⁠2.

Mais encore lundi matin, les noms des Canadiens ne figuraient pas sur les listes d’évacuation approuvées par l’Autorité générale pour les postes frontaliers à Gaza, qui tiennent sur une simple feuille de calcul Google et sont largement partagées. Mais selon l’Agence France-Presse, reprenant une information diffusée par Affaires mondiales Canada, les Canadiens devaient provisoirement commencer à sortir dès ce mardi.

Selon ce que rapportait CBC lundi soir, Affaires mondiales Canada a informé des ressortissants canadiens qu’ils pourront quitter la bande de Gaza ce mardi matin par le terminal de Rafah.

Ce terminal avait ouvert trois jours, mercredi, jeudi et vendredi, laissant sortir des dizaines de blessés palestiniens et des centaines de détenteurs de passeports étrangers, avant que le Hamas ne décide de le refermer.

Pas de « Vichy » à Gaza

Enfin, la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas a affirmé avoir tiré 16 roquettes lundi sur le nord d’Israël à partir du Liban.

En conférence de presse, le chef du mouvement au Liban en a profité pour affirmer que le Hamas n’accepterait jamais que Gaza soit dirigée par l’Autorité palestinienne.

« Notre peuple ne permettra pas aux États-Unis d’imposer ses plans visant à créer une administration qui lui convienne et qui convienne à l’occupation, et notre peuple n’acceptera pas un nouveau gouvernement de Vichy », a-t-il ajouté, en référence au régime collaborationniste français sous l’occupation nazie, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Mardi au Congrès, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avait affirmé que l’Autorité palestinienne devrait reprendre « à un moment donné » le contrôle de la bande de Gaza au Hamas, et que de tierces parties internationales pourraient peut-être jouer un rôle lors d’une période intérimaire.

Quelque 1,5 million de Palestiniens, soit environ 70 % de la population de Gaza, ont fui leur domicile depuis le début de la guerre.