La situation humanitaire s’est encore dégradée dans la bande de Gaza depuis que les hostilités ont repris il y a une semaine, souligne une travailleuse humanitaire sur place qui parle « d’apocalypse ».

Marie-Aure Perreaut, qui travaille comme coordonnatrice pour Médecins sans frontières à l’hôpital Al-Aqsa, dans la partie centrale de l’enclave palestinienne, relève que l’établissement est confronté à un « afflux constant » de blessés victimes des bombardements israéliens.

« Il y a deux jours, nous avons reçu plus de personnes décédées que de blessés », a-t-elle indiqué vendredi en entrevue à La Presse en interrompant la conversation à plusieurs reprises pour relever de nouvelles explosions survenant à proximité de l’immeuble.

Quand on a vu tout ce qui s’est passé à Gaza depuis deux mois, on est obligé de se demander quand viendra notre tour.

Marie-Aure Perreaut, coordonnatrice pour Médecins sans frontières à l’hôpital Al-Aqsa

Le personnel de l’hôpital Al-Aqsa, qui est submergé par les blessés et les personnes sans logement en quête de sécurité, doit se contenter de faire de la « médecine de guerre » et est régulièrement appelé à pratiquer des amputations, notamment sur des enfants.

PHOTO BASHAR TALEB, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Personnel médical transportant un blessé à l’hôpital Al-Aqsa, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 novembre dernier

La travailleuse humanitaire relate qu’une petite fille de 9 ans ayant miraculeusement survécu à une frappe qui a tué sa famille est arrivée à l’hôpital avec le crâne ouvert il y a quelques jours.

« Elle est maintenant aux soins intensifs avec les deux jambes dans le plâtre. Le personnel tente de lui raconter des histoires, de trouver des excuses pour expliquer que ses parents ne sont pas là », dit Mme Perreaut.

Double défi

Les membres du personnel doivent souvent composer avec leurs propres problèmes de sécurité, comme en témoigne le sort d’un chirurgien ayant bravé les bombes il y a quelques jours après avoir été informé qu’un immeuble voisin du sien avait été frappé de plein fouet.

« Il est revenu à l’hôpital avec un membre de sa famille blessé et doit maintenant tenter de trouver une nouvelle place pour ses proches », relève Mme Perreaut, qui dort à l’hôpital pour réduire les risques.

L’approvisionnement en nourriture et en eau de l’établissement, de plus en plus difficile, est assuré par des volontaires qui risquent leur vie, souligne la travailleuse humanitaire, en relevant que la population palestinienne « ne sait plus où aller » maintenant que le sud de la bande de Gaza est intensément ciblé par l’armée israélienne après avoir été suggéré comme refuge.

« La chose la plus importante à l’heure actuelle est d’arrêter de bombarder les civils », insiste Mme Perreaut, qui s’étonne de constater que ses collègues se montrent extrêmement préoccupés de l’avenir alors même que la survie quotidienne est loin d’être assurée.

« Au-delà de l’insécurité qui vient avec la situation, ce qui les préoccupe le plus est de savoir ce qui va rester à Gaza. Comment vivront-ils s’ils n’ont plus d’hôpitaux, plus d’écoles, plus de maisons ? J’ai du mal à concevoir la suite », conclut-elle.