(Dubaï) Les rebelles houthis du Yémen ont mené une nouvelle attaque vendredi contre un navire en mer Rouge, dans une zone maritime cruciale pour le commerce maritime international où ils représentent une « menace » à laquelle les États-Unis et leurs partenaires entendent faire face.

Les houthis, proches de l’Iran, avaient prévenu qu’ils viseraient tout navire naviguant au large des côtes du Yémen et ayant des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

« Nous savons que quelque chose, qui a été tiré d’une région contrôlée par les houthis au Yémen, a touché un navire qui a été endommagé et qu’un incendie a été signalé », a affirmé à l’AFP un responsable militaire américain, au lendemain d’une attaque similaire contre un cargo, revendiquée par les rebelles.  

L’agence de sécurité maritime britannique UKMTO a également rapporté qu’un navire avait été touché par « un objet inconnu », déclenchant un incendie, sans faire de victimes.  

Selon la société de renseignement Ambrey, il s’agit d’un porte-conteneur battant pavillon du Liberia, détenu par la société allemande Hapag-Lloyd AG.  

« Il y a eu une attaque contre l’un de nos navires », a confirmé un porte-parole de l’entreprise à l’AFP, en précisant qu’il était en route vers Singapour depuis le port grec du Pirée.  

Il n’y a pas eu de blessés et le navire poursuit sa route vers sa destination, selon la même source.

Selon Ambrey, la compagnie allemande a des bureaux dans les ports israéliens d’Ashdod, de Haïfa et Tel-Aviv.  

« Menace concrète »

En visite en Israël, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a affirmé vendredi que les rebelles yéménites houthis « représent[ai]ent une menace concrète pour une libre navigation » en mer Rouge.

« Les États-Unis travaillent avec la communauté internationale et leurs partenaires dans la région pour faire face à cette menace », a-t-il ajouté devant des journalistes à Tel-Aviv, après avoir rencontré des responsables israéliens.

Le ministre iranien de la Défense, Mohammed Reza Ashtiani, avait mis en garde mercredi contre un éventuel déploiement de forces multinationales en mer Rouge. « S’ils prennent une décision aussi irrationnelle, ils seront confrontés à des problèmes extraordinaires », a-t-il déclaré à l’agence officielle ISNA. « Personne ne peut agir dans une région où nous sommes prédominants », a-t-il ajouté.

Quelque 20 000 navires circulent chaque année sur cette route maritime reliant la Méditerranée à l’océan Indien.  

Les houthis multiplient leurs attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandab, qui sépare la péninsule arabique de l’Afrique, par lequel transite 40 % du commerce international. Plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre américains et français qui patrouillent dans la zone.  

Les risques accrus en mer Rouge ont poussé certains bateaux ayant des connexions israéliennes (propriétaire, destination…) à la contourner et augmenté les coûts d’assurance, selon des experts.

Jeudi, les rebelles ont revendiqué une « opération militaire contre un porte-conteneurs, le Maersk Gibraltar », qui faisait route vers Israël. Un responsable américain avait toutefois indiqué que le missile avait raté sa cible et était tombé dans l’eau.

Les rebelles houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen mais ne sont pas reconnus par la communauté internationale, sont, comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, membres de « l’axe de la résistance » contre Israël, soutenu par l’Iran.   

Ils ont répété jeudi qu’ils « continueraient à empêcher le passage des navires à destination des ports israéliens » tant que la nourriture et les médicaments ne rentreraient pas dans la bande de Gaza, bombardée et assiégée par Israël en réaction à l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le territoire israélien.