(Téhéran) Le président iranien Ebrahim Raïssi s’est joint vendredi à Kerman à des milliers de personnes participant aux funérailles des 89 victimes d’un double attentat suicide revendiqué par le groupe djihadiste État islamique, ont indiqué les médias d’État.

La double explosion est survenue mercredi à Kerman dans le sud de l’Iran lors d’une cérémonie commémorative près de la tombe du général Qassem Soleimani, l’ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 par une frappe américaine en Irak.

Au total, 89 personnes y ont péri, parmi lesquelles des femmes et des enfants, selon un dernier bilan fourni par la télévision d’État après la mort de cinq blessés. Au moins 12 des morts sont de nationalité afghane, d’après la même source.

Les obsèques ont débuté dans la cour de la mosquée Emam Ali, où une foule en deuil s’est rassemblée devant des dizaines de cercueils enveloppés dans des drapeaux iraniens, selon des images diffusées par la télévision d’État.

Des victimes originaires de Kerman ont été inhumées au cimetière des martyrs, près de la tombe de Qassem Soleimani. Les autres ont été transférées dans leurs villes d’origine.

De nombreuses personnes ont brandi outre le drapeau iranien, celui du Hezbollah libanais, un mouvement chiite allié de Téhéran, ainsi que des portraits de Qassem Soleimani.

PHOTO MAJID ASGARIPOUR, WANA, FOURNIE PAR REUTERS

Ebrahim Raïssi ainsi que le général Hossein Salami, le chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont participé aux obsèques.

M. Raïssi, qui s’est rendu sur la tombe de Qassem Soleimani, a affirmé dans un discours que l’EI avait été « formé » par Israël, l’ennemi juré de la République islamique.

« Mercenaire »

« Sachez que l’initiative nous appartient, le lieu et le moment [de riposter à l’attentat de Kerman] seront déterminés par nos forces », a averti M. Raïssi.

Le président iranien s’était auparavant rendu dans un hôpital de Kerman au chevet des blessés, selon des images fournies par la présidence.

Malgré la revendication de l’EI, des responsables iraniens ont continué d’accuser les principaux ennemis de l’Iran, Israël et les États-Unis, de complicité dans l’attaque.

L’EI « a disparu » et « ne peut agir désormais que comme mercenaire de la politique sioniste et américaine », a affirmé le général Salami.

Washington a jugé « absurde » toute suggestion d’une implication des États-Unis ou d’Israël, un haut responsable américain s’exprimant sous couvert d’anonymat jugeant lui que l’attaque ressemblait « au genre de chose » faite par l’EI « par le passé ».

Israël n’a pas commenté l’attentat.

Ailleurs en Iran, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes dont Téhéran, Tabriz (Nord-Ouest), Ahvaz (Sud-Ouest) et Bandar Abbas (Sud) pour « condamner l’attentat terroriste » de l’EI.

Arrestations

Le double attentat est le plus meurtrier en Iran depuis 1978, quand un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d’Abadan, selon des archives de l’AFP.

Jeudi, le groupe djihadiste a revendiqué l’attaque via ses chaînes Telegram, affirmant que deux de ses membres avaient « activé leur ceinture explosive » au milieu « d’un grand rassemblement d’apostats, près de la tombe de leur leader ».

Dans un communiqué vendredi, le ministère de Renseignements iraniens a indiqué que « l’un des terroristes kamikazes » était « de nationalité tadjike », tandis que l’identité du second n’a pas encore été établie.

Il a également fait état de l’arrestation de « neuf membres du réseau de soutien de la cellule terroriste » dans six provinces, ainsi que de deux individus ayant assuré un logement aux deux kamikazes dans la banlieue de Kerman.

 « Des milliers de balles, deux gilets explosifs et deux appareils de télécommande ont été retrouvés » dans ce logement, a-t-il ajouté.

Qassem Soleimani, figure clé de la République islamique et ex-chef de la force Qods, la branche des opérations extérieures de l’Iran, est célébré dans son pays pour son rôle dans la défaite de l’EI en Irak voisin ainsi qu’en Syrie.