Les États-Unis et le Royaume-Uni, avec le soutien du Canada, ont mené « avec succès » des frappes contre les houthis au Yémen, a déclaré jeudi le président américain Joe Biden. Ces frappes font suite à plusieurs semaines d’attaques des rebelles contre des navires en mer Rouge.

Ce qu’il faut savoir

  • Les États-Unis et le Royaume-Uni, soutenus par le Canada, ont mené des frappes contre les houthis au Yémen.
  • Les frappes ont ciblé des villes clés contrôlées par les rebelles.
  • Ceux-ci mènent depuis des semaines des attaques en mer Rouge, important point de passage pour le commerce international.
  • Le chef des rebelles a menacé de riposter à toute attaque américaine en mer Rouge par des opérations encore « plus importantes ».

PHOTO VALENTIN RAKOVSKY, AFP

Carte de la mer Rouge et du golfe d'Aden, montrant les divers incidents signalés depuis novembre 2023 dans cette région

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont eu le soutien du Canada, des Pays-Bas, de Bahreïn et de l’Australie pour mener ces frappes, précise un communiqué de presse de la Maison-Blanche. Selon plusieurs médias américains, les frappes ont impliqué des avions de combat et des missiles Tomahawk.

Les frappes, « 73 raids », ont visé des sites militaires dans la capitale Sanaa, et les gouvernorats de Hodeidah, Taïz, Hajjah et Saada, a indiqué le porte-parole militaire des houthis, un mouvement membre de « l’axe de la résistance » établi par l’Iran, qui rassemble des groupes hostiles à Israël, notamment le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.

Cinq personnes ont été tuées et six blessées parmi les rebelles, a-t-il ajouté, soulignant que cette « agression […] ne restera(it) pas sans réponse ».

L’opération américano-britannique a été menée « en réponse directe aux attaques sans précédent des houthis sur des navires internationaux en mer Rouge », a affirmé Joe Biden dans un communiqué, évoquant une action « défensive ». « Ces attaques ont mis en danger le personnel américain, les marins civils et nos partenaires, compromis le commerce et menacé la liberté de navigation », a-t-il déclaré.

PHOTO COMMANDEMENT CENTRAL DES ÉTATS-UNIS, FOURNIE PAR REUTERS

Un missile est lancé à partir d’un navire de guerre lors de l’opération contre les rebelles houthis au Yémen.

Le président américain a également averti qu’il « n’hésiterait pas » à « ordonner d’autres mesures » si nécessaire pour protéger les États-Unis et le commerce international.

« Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions », a réagi le vice-ministre des Affaires étrangères des houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias du mouvement.

« Les États-Unis et le Royaume-Uni doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression », a-t-il menacé.

Le chef des rebelles du Yémen, Abdel Malek al-Houthi, a menacé jeudi de riposter à toute attaque américaine en mer Rouge par des opérations encore « plus importantes » que celle, particulièrement lourde, lancée mardi.

Des milliers de navires détournés

Depuis la mi-novembre, les houthis, qui contrôlent la plus grande partie du Yémen, ont réalisé une vingtaine d’attaques contre des navires marchands et commerciaux transitant par la mer Rouge. Ils prétendent viser les navires commerciaux liés à Israël, par solidarité avec la bande de Gaza. Une guerre dévastatrice se déroule dans cette région entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

En décembre, les États-Unis ont déployé des navires de guerre et formé une coalition internationale pour sécuriser le trafic maritime. Certains armateurs évitent maintenant cette zone où transite 12 % du commerce mondial, ce qui entraîne une hausse des coûts de transport entre l’Europe et l’Asie.

« Plus de 2000 navires ont été contraints de parcourir des milliers de kilomètres pour éviter la mer Rouge, ce qui peut entraîner des semaines de retard dans les délais d’expédition des produits », a déclaré jeudi le président américain. Il a d’ailleurs souligné que 27 attaques avaient visé des navires internationaux et que des équipages de plus de 20 pays avaient été menacés ou pris en otage lors d’actes de piraterie.

« Un message clair aux houthis »

Le 3 janvier, les gouvernements de l’Australie, du Bahreïn, du Canada, du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Nouvelle-Zélande, de la République de Corée, du Royaume-Uni et des États-Unis ont appelé à la cessation immédiate des attaques.

Les attaques en mer Rouge se sont tout de même poursuivies, notamment contre des navires américains et britanniques. Mardi, 18 drones et 3 missiles ont été abattus par trois destroyers américains, le navire britannique HMS Diamond et des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower.

PHOTO US NAVY, FOURNIE PAR REUTERS

Le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower

En réponse aux attaques, les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené jeudi des frappes conjointes contre un certain nombre de cibles dans les zones du Yémen contrôlées par les houthis.

Ces frappes de précision avaient pour but de perturber et de dégrader les capacités utilisées par les houthis pour menacer le commerce mondial et la vie des marins internationaux sur l’une des voies navigables les plus importantes du monde.

Extrait du communiqué de la Maison-Blanche

L’objectif reste tout de même « de désamorcer les tensions et de rétablir la stabilité en mer Rouge », précise le communiqué.

Les frappes ont visé des radars et des infrastructures de drones et de missiles, afin de réduire leurs capacités à s’attaquer aux navires marchands en mer Rouge, a affirmé jeudi le secrétaire américain à la Défense Lloyd, Austin. « L’action menée [jeudi] par la coalition envoie un message clair aux houthis : ils devront assumer d’autres coûts s’ils ne mettent pas fin à leurs attaques illégales », a-t-il déclaré.

Réactions internationales

Joe Biden s’est félicité jeudi du « succès » des frappes menées. Le premier ministre britannique Rishi Sunak a quant à lui évoqué des « frappes nécessaires » et « mesurées ». Hormis le communiqué publié par la Maison-Blanche, le Canada n’a fait aucune déclaration à ce sujet jusqu’à maintenant.

L’Arabie saoudite a dit suivre avec « inquiétude » les développements. Le royaume « suit avec beaucoup d’inquiétude les opérations militaires en mer Rouge et les frappes aériennes contre un certain nombre de sites » au Yémen, a affirmé le ministère des Affaires étrangères d’Arabie saoudite dans un communiqué, en appelant « à la retenue et à éviter l’escalade ».

De son côté, l’Iran a condamné vendredi les frappes américaines et britanniques, y voyant une « action arbitraire » et une « violation flagrante de la souveraineté » du Yémen.

Cette opération aura « des répercussions sur la sécurité régionale », a réagi pour sa part le Hamas.

Le Kremlin a lui condamné des frappes « illégitimes du point de vue du droit international ».

La Chine a quant à elle exhorté « les parties concernées à […] faire preuve de retenue, afin d’éviter une expansion du conflit ».