(Beyrouth) Un émissaire américain a appelé jeudi à Beyrouth à une « solution diplomatique » entre le Liban et Israël pour mettre fin aux affrontements à leur frontière impliquant le puissant mouvement Hezbollah et éviter une escalade.

« Nous devons trouver une solution diplomatique qui permettrait aux Libanais de rentrer dans leurs foyers dans le sud du Liban […] et aux Israéliens de revenir dans leurs maisons dans le nord », a déclaré Amos Hochstein aux journalistes.

Des échanges de tirs opposent quasi quotidiennement à la frontière l’armée israélienne et le Hezbollah pro-iranien depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas palestinien, allié du Hezbollah, sur le sol israélien le 7 octobre.

Les violences ont gagné en intensité après une frappe attribuée à Israël le 2 janvier près de Beyrouth, qui a tué le numéro deux du Hamas, faisant craindre une escalade.

« Je crois que les deux parties préfèrent une solution diplomatique », a assuré jeudi M. Hochstein, coordinateur spécial du président Joe Biden pour la sécurité de l’énergie.

Une médiation menée par cet émissaire avait abouti en octobre 2022 à la signature entre le Liban et Israël d’un accord délimitant leur frontière maritime, qui avait assuré la répartition de gisements gaziers au large en Méditerranée orientale.

Plusieurs responsables occidentaux, dont le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell, se sont succédé à Beyrouth depuis une semaine, appelant à ne pas entraîner le Liban dans le conflit régional.

Mercredi, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, a déclaré à Beyrouth qu’une escalade du conflit « serait une catastrophe pour les deux pays ».  

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a achevé jeudi une tournée au Moyen-Orient, a également appelé à essayer d’éviter un débordement du conflit dans la région, où le Hamas dispose d’alliés avec des groupes armés soutenus par l’Iran.

Litige frontalier

M. Hochstein, qui s’était rendu la semaine dernière en Israël, a rencontré jeudi le président du Parlement libanais et le premier ministre Najib Mikati.

« Nous voulons la paix et la stabilité, sur la base des résolutions de l’ONU. Mais la priorité doit être un cessez-le-feu à Gaza, l’arrêt des agressions israéliennes contre le Liban », a déclaré jeudi ce dernier.

Le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant avait indiqué la semaine dernière qu’Israël préférait « la voie diplomatique à la voie militaire » pour rétablir le calme à la frontière nord.

Mais mercredi, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a averti que les soldats israéliens sauraient se battre au Liban « s’il le faut ».

Une source diplomatique occidentale à Beyrouth qui a requis l’anonymat a précisé qu’une solution diplomatique pourrait englober un règlement du litige frontalier entre le Liban et Israël, qui se retirerait de territoires réclamés par Beyrouth.

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait affirmé le 5 janvier que les attaques menées par sa formation avaient placé le Liban « en position de force » en cas d’un règlement du litige frontalier avec Israël « après la fin de l’agression contre Gaza ».

Depuis le début des violences à la frontière le 8 octobre, 190 personnes ont été tuées au Liban, parmi lesquelles 141 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l’AFP. Israël a fait état de 14 morts, dont neuf soldats, à sa frontière nord.

Plus de 72 000 personnes ont en outre été déplacées dans le sud du Liban selon l’ONU, et des dizaines de milliers d’autres ont été évacuées de l’autre côté de la frontière par les autorités israéliennes.