La bande de Gaza a été de nouveau confrontée vendredi à une coupure complète de l’internet et du téléphone, au moment où les bombardements israéliens dans le petit territoire assiégé se poursuivent, comme les combats avec le Hamas palestinien.

Alors que la situation humanitaire y est désastreuse, l’ONU a déploré que les opérations d’aide dans le nord du territoire deviennent de plus en plus difficiles, accusant l’armée israélienne de limiter l’approvisionnement en carburant, en particulier pour les hôpitaux.

« Nous avons le regret d’annoncer la coupure totale des communications et des services internet à Gaza après que la partie israélienne a débranché les serveurs », a affirmé l’opérateur palestinien Paltel dans un communiqué, de telles coupures ayant déjà eu lieu dans le territoire palestinien depuis le début des hostilités.  

« La communication avec nos équipes à Gaza a été complètement coupée », a déploré le Croissant-Rouge palestinien, affirmant que cela compliquait le travail des services de secours pour accéder rapidement aux victimes.

Entrée vendredi dans son 98e jour, la guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent perpétrée par le Hamas le 7 octobre sur le sol israélien et qui a fait environ 1140 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.

Israël a promis d’anéantir le Hamas et bombarde en représailles la bande de Gaza, où 23 708 personnes ont été tuées et plus de 60 000 autres blessées, en majorité des civils, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans le territoire depuis 2007.  

« De nombreuses personnes sont toujours sous les décombres et les secouristes ne peuvent pas les atteindre », selon la même source.

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Vue sur Rafah, le 12 janvier

L’armée israélienne mène en outre des opérations terrestres depuis fin octobre dans la bande de Gaza, où un journaliste de l’AFP a entendu des tirs d’artillerie violents dans le sud entre Rafah et Khan Younès dans la nuit de jeudi à vendredi, marquée toutefois par moins de frappes aériennes.

Des médicaments pour les otages

Selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste, « plus de 59 morts et de dizaines de blessés ont été emmenés dans les hôpitaux à la suite des attaques » de la nuit.  

« Des dizaines de terroristes » ont été tués à Khan Younès et Maghazi (centre), a indiqué de son côté l’armée israélienne. Parmi eux, figure « un officier de l’unité Nukhba (unité d’élite) qui avait participé au massacre du 7 octobre », toujours selon l’armée.

Israël s’est donné comme but d’éradiquer le Hamas et de ramener les otages, emmenés à Gaza lors de l’attaque du 7 octobre. Sur les 250 personnes enlevées selon les autorités israéliennes, une centaine ont été libérées à la faveur d’une trêve fin novembre.  

Les otages vont recevoir des médicaments « dans les prochains jours » en vertu d’un accord négocié par l’entremise du Qatar, a annoncé vendredi le bureau du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.  

La situation humanitaire est très critique dans le territoire palestinien pauvre, exigu et assiégé.

Restrictions

La représentante de l’UNICEF dans les territoires palestiniens, Lucia Elmi, a demandé qu’un plus grand nombre de convois d’aide soit autorisé à y entrer.

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Des Palestiniens déplacés se déplacent sur un véhicule à trois roues le 12 janvier à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

« Le processus d’inspection [israélien] reste lent et imprévisible. Et certains des matériaux dont nous avons désespérément besoin restent soumis à des restrictions », a-t-elle dit depuis Jérusalem à des journalistes à Genève, alors que plus de 1,1 million d’enfants sont menacés par le conflit, la malnutrition et les maladies.

Le représentant du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) pour les territoires palestiniens, Andrea De Domenico, a lui déploré que les opérations dans le nord soient « de plus en plus compliquées ». « Nous nous heurtons à un refus systématique de la partie israélienne », a-t-il déclaré aux journalistes à Genève.

Le nord a été massivement bombardé au début de la guerre, poussant de très nombreux habitants à se réfugier dans le sud.  

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le système de santé de Gaza est au bord de l’effondrement.

Le plus grand hôpital, durement touché, a toutefois réussi à reprendre partiellement du service, selon l’OMS.

Cependant, le manque de carburant a entraîné l’arrêt du principal générateur de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa, à Deir el-Balah (centre), selon une source au ministère de la Santé du Hamas. « Nous craignons la mort de patients et d’enfants en soins intensifs et dans les départements pédiatriques », a indiqué le bureau des médias du gouvernement du Hamas.

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Le plus grand hôpital gazaoui, al-Shifaa, dans la ville de Gaza, avait réussi à reprendre partiellement du service.

« Bain de sang »

En Cisjordanie occupée, où les violences ont connu une recrudescence depuis le 7 octobre, l’armée israélienne a indiqué avoir « neutralisé » vendredi soir trois personnes ayant attaqué une colonie juive. Par ailleurs, un Palestinien de 19 ans est mort de ses blessures après avoir été frappé par l’armée israélienne à Tulkarem, selon le ministère de la Santé palestinien.

Des dizaines de personnes s’étaient rassemblées plus tôt à Ramallah pour afficher leur soutien à la population gazaouie et au Hamas. « Nous protestons contre les massacres et le bain de sang, pendant que le monde, et malheureusement les pays arabes, se taisent », a lancé Asma, 30 ans.

Israël a affirmé vendredi ne pas chercher à détruire le peuple palestinien à Gaza, en se défendant d’une accusation de génocide « malveillante » portée contre lui devant la Cour internationale de justice (CIJ), après la saisine de la plus haute juridiction de l’ONU par l’Afrique du Sud.  

La guerre à Gaza fait craindre en outre un embrasement régional : les tirs entre le Hezbollah libanais pro-iranien et l’armée israélienne à la frontière israélo-libanaise sont désormais presque quotidiens, et les houthis, des rebelles yéménites qui soutiennent les Palestiniens, multiplient les attaques en mer Rouge contre des navires marchands qui seraient liés à Israël.

En représailles à ces attaques à répétition qui perturbent le commerce maritime mondial, les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé tôt vendredi le groupe rebelle soutenu par l’Iran.  

« Le Yémen a joué un rôle important en faisant pression sur les navires (à destination d’Israël). Par conséquent, nous, les habitants de Gaza, avons eu le sentiment que quelqu’un se tenait à nos côtés », lâche Fouad al-Ghalaini, un déplacé de la ville de Gaza.